Archives de catégorie : T38 – cde dce

En ce couchant, Lycius, surgi ce — 1997 (3)

–  Philippe Jacottet in D’une lyre à cinq cordes

En ce couchant, Lycius, surgi ce
climatérique lustre de la vie,
chute est le pas pour si peu qu’il dévie
et toute chute aisément précipice.

Caduc le pas? Que l’esprit s’éclaircisse.
Peu à peu se disjoint la terre unie;
quelle raison par la poudre avertie
attendit que s’effondre l’édifice?

Non seulement de la peau la vipère,
Avec la peau, de l’âge se défait,
mais l’homme non. Aveugle cours humain!

Oh! bienheureux celui qui, déposée
la part pesante en la muette pierre,
la légère offre au saphir souverain.

Gongora

Q15 – T38 – déca – tr

Un son maigre et pluvieux sonne en fausset mes heures, — 1906 (1)

O.V. de L. MiloszLes sept solitudes

XVII

Un son maigre et pluvieux sonne en fausset mes heures,
Coassement – croassement – requiem des portes
Aux grands châteaux venteux dont le regard fait peur
Tandis que le grand vent glapit des noms de mortes,

Ou bruit de vieille pluie aigre sur quelque route,
Qui n’invite qu’afin que le destin s’égare
Vers le clocher aveugle à girouette bizarre?
Ecoute – plus rien- Seul, le grand silence écoute …

Tu peux partir, ou t’endormir, ou bien mourir
Dans le sang ou la boue, ou même encore, belle,
Mendier ton pain de vieille aux pays inconnus;

Car nulle autre aujourd’hui ne veut m’être réelle
Que celle mort des demains et du souvenir,
Que cette cloche du moment aux lointains nus.

Q60 – T38

Je les ai donc encor les grands regards candides — 1890 (34)

La France moderne

Décubridor

Je les ai donc encor les grands regards candides
Vers les chers infinis à jamais en allés,
Les purs regards d’hier aux lumières limpides
Comme les horizons aux clartés des matins.

J’ai trop longtemps été dans de îles fiévreuses
Au tourbillonnement de parfums affolés.
Je les ai trop connues les fleurs cadavéreuses
Qui croissent sous la mort des ciels adamantins.

J’ai soif vers les fraîcheurs, vers les bonnes fraîcheurs,
Et, les yeux entrevus éperdus d’innocence :
Pour goûter le bonheur des calmes Labradors

Je voguerai longtemps sous des cieux d’espérance
En la foi d’aborder aux lontaines douceurs.
Car je porte le cœur des grands décubridors.

(Théodore Falen)

abab’ a’ba’b’ T38  disp :4+4+3+2+1