Archives de catégorie : formules principales

Qu’à l’aspect de ces tours tout pâlisse d’effroi; — 1802 (3)

Abbé Pierre David Première épitre à M. L’abbé Sicard ….

Deuxième sonnet, sur la prison du Temple, où le trop bon Louis XVI a été détenu

Qu’à l’aspect de ces tours tout pâlisse d’effroi;
Elles ont vu crouler la puissance suprême;
C’est ici que la rage a dépouillé le Roi,
De ses titres pompeux et de son diadème.

D’obscurs agitateurs, sans équité, sans foi,
Pour réduire le vol et le meurtre en système,
Osèrent s’emparer du sceptre de la loi,
Et juger, condamner le Monarque lui-même.

Que le Ciel irrité, lance tous ses carreaux!
Que l’enfer, contre nous, déchaîne ses bourreaux!
Verseraient-ils jamais tant de maux sur la France.

Ce lâche assassinat, source de nos malheurs,
Fit naître la terreur et régner la licence,
Qui nous ont tous courbés sous le joug des voleurs.

Q8 – T14

Les parfums de l’aurore ont devancé le jour; — 1802 (2)

Abbé Pierre David Première épitre à M. L’abbé Sicard ….

« L’AUTEUR, étant au secret le plus rigoureux, dans la tour du Temple, n’ayant ni plumes, ni encres ni papier, écrivait dans sa tête des sonnets.  » (Il est donc un P.L.A.N.T. (Plagiaire par anticipation) de Jean Cassou et de ses ’33 sonnets composés au secret » (1944)).

2 Premier sonnet, sur le lever du Soleil, pour un prisonnier

Les parfums de l’aurore ont devancé le jour;
Ses perles, ses rubis, se répètent dans l’onde;
La topaze du Ciel se dérobe à sa Cour,
Et ses rayons naissans vont éclairer le monde.

Hélas! j’eusse cent fois célébré son retour,
Depuis qu’on m’a plongé dans cette nuit profonde!
Mais enterré, vivant dans une obscure tour,
Je ne puis observer sa chevelure blonde.

Son disque étincelant, rempli de majesté,
Etale à l’univers un luxe de clarté,
Et va donner la vie à la nature entière.

De quoi sert, au captif, cette vive splendeur?
Avare pour lui seul, ce grand corps de lumière,
Ne lui laisse entrevoir que l’excès du malheur.

Q8 – T14

L’espérance est pour l’homme un filtre merveilleux; — 1802 (1)

Don Juan Laurencin Fables et poésies diverses

Sonnet

L’espérance est pour l’homme un filtre merveilleux;
Otez à son esprit l’élan de l’espérance,
Et l’homme doit haïr sa pénible existence;
Par l’espérance il peut quelquefois être heureux.

Trompé le plus souvent dans l’objet de ses voeux,
Le bonheur lui sourit dans la moindre apparence,
Le sort aggrave-t-il aujourd’hui sa souffrance?
Il s’en consolera; demain il ira mieux.

Triste condition! L’homme de sa misère,
N’a pour soulagement qu’une pure chimère.
Rendons grâces au ciel cependant de l’avoir.

Ne m’abandonne point aimable enchanteresse,
J’aime à vivre avec toi dans une douce ivresse,
Il ne reste plus rien, quand on n’a plus d’espoir.

Q15 – T15

Exemple d’une disposition de rimes qui a été très présente dans les premiers sonnets en langue française au 16ème siècle. Elle est due à Marot. C’est celle de la plupart des sonnets des Amours de Ronsard. Le sonnet français du 19ème siècle en a hérité. Le poème est en alexandrins. La suite des rimes se décrit ainsi: abba abba ccd eed