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Sur le lac où glissait le cygne au blanc plumage — 1906 (5)

Pierre Plessis in La Sylphide

Nuit

Sur le lac où glissait le cygne au blanc plumage
Le jour lent à mourir jetait ses dernier feux,
Et l’eau claire mirait la lumière des cieux
Entre le nénuphar et le trainant herbage.

Le soir était venu répandant ses senteurs,
Tout auréolé d’or, de calme, de splendeur,
Il avait peu à peu partout tendu ses voiles.

Un dernier chant d’oiseau vibrait sous les grands arbres.
Les arbres se teintaient de rougeurs de coraux,
Une brume montait légère sur les eaux,
Effleurant, en passant , la sculpture des marbres !

Dans le feuillage noir rôdait l’oiseau de nuit ;
Et le cygne d’argent et l’insecte qui luit
Se miraient dans le lac sous des clartés d’étoiles

Q1 (abba) + T1 (ccd) + Q2 (a’b’b’a’) + T2 (eed)

Les quatre rois, les quatre dames, les varlets, — 1903 (8)

André Tudesq

Les cartes

Les quatre rois, les quatre dames, les varlets,
Aux quatre coins de cœurs, de rèfles et de piques,
Sur les tables de jeux mêlent – seigneurs épiques –
Leurs rouges vifs, leurs bleus, leurs ors, leurs violets.

Les pages, glorieux héros de Table Ronde,
Lahire, Lancelot, Hector, tous roitelets,
Sont des Mignons qu’Amour a blessés de sa fronde.

Les Rois, tenant leur sceptre entre leurs gantelets
Et les glaives d’argent pointus comme des piques,
Portent couronne au chef et rêvent, olympiques,
Aux Dames de leurs cœurs et de leurs virelais.

Elles, également, ont des yeux bleus d’aronde,
Mais seule, méprisant les rois et leurs couplets,
Pallas parle à son lys écarlate et le gronde.

Q1 (abba) +T1 (cdc) +Q2 (abba) +T2 (cdc)

Dans l’église où jadis, en pieux appareil — 1898 (12)

Paul Reboux Les iris noirs

Vitrail

Dans l’église où jadis, en pieux appareil
Inclinant son beau front qu’effleura l’eau bénite,
Elle s’agenouillait et, son oraison dite,
De Monseigneur Jésus invoquait le conseil.

La haute châtelaine est encore présente,
Car, maints jointes, dormant de l’éternel sommeil,
Le granit du tombeau nous la montre gisante.

Elle est morte, pourtant, lorsqu’un rai de soleil
Traverse les rideaux et se glisse vers elle,
Son doigt semble étoilé d’une gemme nouvelle,
Son manteau resplendit comme un brocart vermeil,

Un reflet d’améthyste anima la paupière
Et l’on voit refleurir – miraculeux réveil –
Un sourire écarlate à sa lèvre de pierre.

abba cdc ab’b’a ede, y=x: d=a – Avec cette notation de la formule de rimes, le poème est un candidat à la rigueur acceptable pour une disposition Q1 T1 Q2 T2 (qui pourrait être également Q1 T2 Q2 T1).