Archives de catégorie : r.exc.

Certains riment encore en cruche — 1995 (11)

Jude Stefan Prosopopées

Poésie pire

Certains riment encore en cruche
des neuf portes de la perception
avec deux jambes en queue de poisson
pour course d’autruche

à 6 ans une crise cardiaque enlève le boxer
la foudre frappe le sanctuaire
le lièvre dort les yeux ouverts
pour l’anthologie d’une nouvelle ère

miss Hardwick insistait sur les rétroflexes
comme un sanscrit
nous citait les chefs-d’oeuvre à l’index

tous sauf la bible
pourtant sinistrissime rhapsodie
digne de Raspoutine et d’Ivan le Terrible

r.exc. –  m.irr.

Seins de glace ou d’enfer, orage — 1991 (2)

Guy Goffette La vie promise

La montée au sonnet (Pour un art poétique)
Muses

Seins de glace ou d’enfer, orage
En plaine et la mer entre les collines
Agenouillant sans mot dire celui
Qui n’avait soif que de lui-même.

Le temps présent à ses mots, le voici
Sans paroles jeté hors du poème,
Chair à nouveau et feu et eau,
Porte battante battant le coeur

Comme une grange de l’été paille et poutre
Avec la mort petite et sourde
Qui s’impatiente, voudrait parler,

Parler, de plus en plus haut,
Jusqu’à ne plus entendre qu’elle,
Dans leur bouche, qui muse.

r.exc. – m.irr

C’est la vie qui vous fait mourir, — 1991 (1)

Guy Goffette La vie promise


Le voyageur oublié (sur un vers de Claude Roy)

C’est la vie qui vous fait mourir,
Ecriviez-vous dans ce poème où tout
Demeure à vif: le crépitement des trolleys,
La nuque de l’amante à son miroir

Et jusqu’à la jeune morte sur son lit,
Tellement sage qu’on ne sait plus
Si c’est le temps qui passe ou nous
Qui passons à travers lui, les mains vides,

Comme un train somnambule à travers
La campagne endormie – et le voyageur
Oublié dans le creux de ses bras

Est un lac au soleil de midi, un lac
Que rien ne trouble, pas même le reflet
Du corps penché  qui tremble dans la vitre.

r.exc.  – m.irr

Etincelante étoile, constant puissè-je à ton instar — 1990 (9)

John Keats trad. Robert DavreuSeul dans la splendeur

« Etincelante étoile, constant puissè-je à ton instar »

Etincelante étoile, constant puissè-je à ton instar
Non pas naviguer seul dans la splendeur du haut de la nuit
A surveiller de mes paupières pour l’éternité désunies,
Comme de la nature l’ermite insomnieux et patient,

Les eaux mouvantes dans le rituel de leur tâche
D’ablution purifiante des rivages humains de la terre,
Ni contempler le satin du masque frais tombé
De la neige sur les montagnes et sur les landes –

Non, mais toujours constant, toujours inaltérable,
Avoir pour oreiller le sein mûr de mon bel amour,
Afin de sentir à jamais la douceur berçante de sa houle,

Eveillé à jamais d’un trouble délicieux,
Toujours, toujours ouïr de sa respiration le rythme tendre,
Et vivre ainsi toujours – ou bien m’évanouir dans la mort.
( » Bright star! would I were steadfast as thou art »)

r.exc – m.irr – sns – tr

J’ai beaucoup voyagé aux royaumes de l’or, — 1990 (8)

John Keats trad. Robert DavreuSeul dans la splendeur

Après m’être plongé pour la première fois dans l’Homère de Chapman

J’ai beaucoup voyagé aux royaumes de l’or,
Ai vu bien des états et monarchies prospères,
Ai fait le tour de bien des îles d’Occident
Que des bardes pour fiefs ont reçu d’Apollon.

Souvent l’on m’a parlé d’une vaste contrée
Qu’Homère aux noirs sourcils possédait pour domaine:
Jamais pourtant je n’en avais humé la sérénité pure
Avant d’ouïr Chapman et sa voix de stentor.

Alors je me sentis comme un veilleur des cieux
Quand une planète nouvelle apparaît dans son champ de vision
Ou comme le vaillant Cortez quand, de son regard d’aigle,

Il scrutait le Pacifique – et que tous ses hommes
L’un l’autre s’épiaient, perdus en conjectures –
Silencieux, du haut d’un pic de Darien.

(On first looking into Chapman’s Homer)

r.exc. – m.irr – tr

Plage. On n’ose croire à sa pâleur. — 1990 (7)

Jean-Charles Vegliante Sonnets du petit pays entraîné vers le nord

Vacance

Plage. On n’ose croire à sa pâleur.
L’aube s’éloigne sans qu’il ait su la prendre.
Un sang reflue dans la nacre où pleurent
des vagues menacées par l’été de cendre.
La mer est striée de flammes vertes.
Aux bords alourdis de pailles et de balle
lentement tourne une forme inerte,
comme un ancien chagrin le gouffre l’avale.
Oui, la brûlure à présent s’enfonce
dans le noir profond. La mémoire aveuglée
ne sait même plus quel mal l’offense,
quelle faille est ouverte prête à céder …
Il avance sur l’estran de sable
que des courants biais vont disperser ailleurs.

ababcdcdefefxy – m.irr – sns

Divine absente, faite forme fugitive — 1989 (7)

– (Robert Marteau Juan de Tarsis, comte de Villamediana Poésies

(Divina ausente, en forma fugitiva)

Divine absente, faite forme fugitive
en raison de l’inégalité de nos sorts,
quand toi sur le plus haut soleil vas te poser
moi je reste en solitude de lumière hautaine;

Pour déclarer qu’en cette ombre sauvage,
celle qui en poussière et cendre se change,
contre les forces même de la mort
reste pur renom vive éternellement.

Ainsi parvient à être profit ce troc
d’une vie de travaux et de peines,
contre deux sûres toujours immortelles.

Seul gémissant Amour en la séparation,
d’un tel soleil est l’ombre poursuivie
par la nuit éternelle et les éternels malheurs.

r.exc – m.irr – tr

Chrome d’un cerf cueille verre enfer planque hune taie te — 1989 (3)

coll. –  Sonnets (ed. Alin Anseeuw)

Joseph Guglielmi


Sonnet foireux (d’après Arthur Rimbaud)

Chrome d’un cerf cueille verre enfer planque hune taie te
D’oeuf âme achève un brin frottement pomme à dé
(Diurne vie oeil baie noire et merde, lente herbette
Ave dédé fils site as et mâle rat vaut dais;
Pue l’alcool guerre a aigri l’aile are jeux homo pelote
Qu’ils aillent; l’aide aux cours courantes exquis heureux sort;
Plie le héron d’heures d’airain sang bleu peut rendre les soeurs
L’ogresse saoule happe eau par étang feux yeux plats eux;
Lèche une est en pore où j’ai le tout saint égoût
Hors rit bleu êtes rang je mens; ont renards queux sûres toux
Dais seins goule irritée kil faux boire Allah loup peuh…
L’air un port et démon gras vêt: G(laire a veut nus); (corps plus petit)
Haie tousse ocre or heureux mue étang sale art jeu croup
Bêle hic deux oeufs ment daim nul sert halle as nus.

r.exc – m.irr – traduction homophonique d’un sonnet de Rimbaud – sns

Paf ! d’un bond rivière ! — 1983 (5)

Jacques Demarcq Derniers sonnets

Celle même, miss, taire
(ter)

Paf ! d’un bond rivière !
taille-doigt, d’ôte queuté
sur l’abrège : pater
d’un gué) dans les pognes

Aléa, Jacques t’es
tu parles ! d’un cutter
papa-rasoir ? gnon
castrat, d’compendium

Ca laisse des légions
en gaule) t’es fort guère
gars ! depuis que Rogne

Est-ce ? la pine de niée
sort d’cité : un gnome
Compiègne
où t’es né

Complet’ment … Sonnets !

1983 (3-5) : une séquence de 3 sonnets. Rimes orales, on lit la formule suivante , valable pour les trois:  abac  badc  dac  bcb b . Reprises de sonnets à sonnet (à vous de voir comment)
Les vers sont de 5 positions (comptées oralement). Un quinzième vers, de longueur variable, rime avec le quatorzième
Les strophes sont signalées par la majuscule de leur premier vers.
Homophonies à débusquer

L’oiseau, qui est site — 1983 (4)

Jacques Demarcq Derniers sonnets

Celle même, miss, taire
(bis)

L’oiseau, qui est site
lieu ! de m’écouter
l’âme d’ici : t’invite
pourquoi forêt ? stère

Sans phallé : d’où t’es
coup ça biche, touriste
chair urge ) oui dare-dare
spasme ! le guérit ver

Avec un d’César
au rut) bite qu’on risque
gare ! à ton guerrière

Tant saigne, qu’impregne
dans l’ouate, on trop perd
con
piège où t’es né

Mentionné …