Archives de catégorie : incise

incise 1906

—————————————————————————————————————–

Louis Cayotte – Dictionnaire de rimes – Le sonnet, régulier ou irrégulier, est formé de deux quatrains et de deux tercets. Dans le sonnet régulier, les premiers et quatrième vers des deux quatrains riment ensemble ; l’autre rime se trouve aux deuxième et troisième vers. Dans le premier tercet, le premier et le deuxième vers sont accouplés ; mais dans le dernier tercet, le premier vers rime avec le troisième ; enfin le troisième vers du premier tercet rime avec le deuxième vers du second tercet. …..
Le sonnet est irrégulier dès que l’on modifie de façon quelconque la disposition des rimes. Celui qu’on rencontre le plus souvent est celui ou dans chaque tercet le premier vers rime avec le deuxième, et les troisièmes vers entre eux. ….
Voici encore un sonnet irrégulier ; les quatrains sont formés de rimes croisées.

—————————————————————————————————————————————-

incise 1895

———————————————————————————————————————

– Adolphe Retté – L’archipel en fleurs –

…. il y a eu, selon les poétiques désormais périmées, de beaux poèmes, imprégnés d’émotion, savamment rythmés, mais peut-être n’en existe-t-il pas un seul qui ne contienne des vers faibles et des chevilles. Pourquoi? parce que les exigences de la Rime riche d’une part, la nécessité d’un nombre uniforme de syllabes d’autres part, nuisaient à la libre expression du rythme. La Règle étouffait cet enfant fou, le vers, d’un carcan qui pour être en or et rehaussé de joailleries merveilleuses n’en était pas moins un carcan.

De là, les raffinements les plus extraordinaires: après la Rime riche, on a voulu la Rime rare; et toutes les gentillesses exotiques imaginaires s’implantèrent comme des panaches de rois nègres, au derrière du pauvre Alexandrin. – De là, un étrange abus du Sonnet, dont on fit une sorte de monstre tour à tour tableau, statue, orfèvrerie, quinquaille, appelant éloge: « comme c’est bien fait! » – Ah! le jour où ce gamin génial de Verlaine mit au sonnet la tête en bas! Ce jour-là, la première bombe éclata dans le temple de la Règle. Quelle débacles de Parnassiens: les uns en sont restés pétrifiés, les autres se sont révélés journalistes …. de là encore, une superstition et une erreur technique. La première, le vers ‘bien frappé’, les vers proverbe, le vers qu’on répète, le vers que les critiques enchâssent dans la monture enchrysocale de leurs articles, et qui suffirait volontiers, selon eux, à jauger un poète. C’est un travers éminemment national. La seconde repose sur une assertion assez téméraire, à savoir que le vers appelle forcément un second vers rimant avec lui et sans lequel il ne peut être complet. On pourrait ajouter: de là le culte étrange voué par quelques-uns à l’Alexandrin devenu le type, le paragon, la Fleur sacrée auprès de laquelle les autres vers moins favorisés en syllabes ne sont que pariétaires et folles herbes.

———————————————————————————————————————-

incise 1893

—————————————————————————————————————-

Clair Tisseur Modestes observations sur l’art de versifier – «  Un bon sonnet, écrivait Chénier, n’a jamais eu un grand charme pour moi : c’est un genre de poésie que je n’aime point, même dans Pétrarque, et je ne sais pourquoi Despréaux l’enrichit d’une beauté suprême » … Comme à Chénier, le sonnet ne me semble pas en soi une de ces combinaisons poétiques enportant d’emblée l’enthousiasme. Le retour réitéré des rimes, si agréable lorsqu’il couronne un morceau, se produit ici tout au début, pour ne se plus retrouver. On aime en général à voir dans une pièce une distribution alternée … Ici, les deux quatrains se touchent et les deux tercets. Je ne sais pourquoi je suis tenté de disposer la pièce symétriquement : un quatrain, un tercet, un quatrain, un tercet. Et de fait, je me demande comment personne ne l’a tenté.

———————————————————————————————————————–

incise 1891

———————————————————————————————————————

Léon Crouslé – Elements de versification – On observe dans le sonnet une règle gênante, qui interdit la répétition d’un même mot ( hormis les termes de liaison … en un mot, ceux que la grammaire impose, mais qui ne disent rien à l’esprit)

——————————————————————————————————————————————–

incise 1890

——————————————————————————————————————-

Armand Caumont – Cours de littérature française : «  Poème à forme fixe, le sonnet est formé de 2 quatrains à rimes croisées ou embrassées, suivis de 2 tercets ; les vers sont toujours d’égale longueur et les rimes au nombre de 5 ». Exemple d’un « sonnet moderne » (François Coppée : abab baab ccd ede). « La combinaison des rimes, dans les tercerts, est la plus ordinaire ; mais on trouve aussi les formes ccd ede ; cdc dee ; cdc ddc. Les vers des sonnets peuvent aussi être de 10 ou de 8 syllabes ».

———————————————————————————————————————

incise 1886

———————————————————————————————————————-

Georges Pellissier – Traité  théorique et  historique de versification française : « Il nous reste à parler du sonnet, poème fixe par le nombre des vers et la disposition des rimes, mais non par le mètre. Les formes irrégulières du sonnet sont innombrables, mais voici, tout d’abord, la figure du sonnet régulier : ABBA ABBA CCD EDE

. On le voit, le poème se compose de 14 vers divisés en 2 quatrains et 2 tercets… Le sonnet est irrégulier, quand on écrit les deux quatrains sur des rimes différentes, quand on croise les rimes des quatrains, quand on fait rimer le troisième vers du premier tercet avec le troisième du deuxième tercet, ou le premier vers du premier tercet avec le premier vers du deuxième. Ces formes irrégulières ne sont pas moins excellentes ». L’exemple de sonnet irrégulier donné est le sonnet d’Arvers.

———————————————————————————————————————————————–

incise 1885 (2)

in Souvenirs d’un vieux libraire

Une soirée chez Mécène

Le sonnet d’Arvers ! oui ! non ! si ! non ! On réclame le sonnet d’Arvers que récitera tout à l’heure sir Benjamin Macfer [Arthur O’Shaugnessy], un poète irlandais, à qui le Paris littéraire doit les  » Jours sans soleil  » [Songs before Sunrise]. Cet enfant de la verte Irlande a un culte particulier pour Arvers et des méchantes langues prétendent que c’est le seul auteur dont il ait lu les œuvres en entier ; pour les autres, il se contenterait de graver dans sa mémoire les titres de la couverture

incise 1885

in Souvenirs d’un vieux libraire

Une soirée chez Mécène

Le sonnet d’Arvers ! oui ! non ! si ! non ! On réclame le sonnet d’Arvers que récitera tout à l’heure sir Benjamin Macfer [Arthur O’Shaugnessy], un poète irlandais, à qui le Paris littéraire doit les  » Jours sans soleil  » [Songs before Sunrise]. Cet enfant de la verte Irlande a un culte particulier pour Arvers et des méchantes langues prétendent que c’est le seul auteur dont il ait lu les œuvres en entier ; pour les autres, il se contenterait de graver dans sa mémoire les titres de la couverture

incise 1882

Barbey d’Aurevilly Les oeuvres et les hommes, III : Le sonnet est une forme vieillie, et ce n’est rien que de veillir, – vieillesse dans les choses de l’intelligence, c’est souvent parfum, sagesse et profondeur, – mais c’est une forme bornée, et il nous est impossible d’avoir pour elle le respect qu’avait Despréaux …

Le sonnet si vanté, à cause de la difficulté vaincue, chez un peuple qui a toujours aimé à vaincre la difficulté, n’est que l’amusette des sociétés qui jouent aux petits jeux de la littérature …. Ni les grands noms de la littérature, Shakespeare, de Milton, de Corneille, de Machiavel, de Pétrarque, qui ont splendifié ce mode de poésie, si écourté et presque puéril, ne me troublent et ne m’imposent. Ils coulèrent leur pensée dans ce moule parce que ce moule était à la mode de leur temps. Mais ils l’y ont étriquée, étranglée ; c’étaient des aigles pris à la sauterole *! Tout au plus était-ce bon pour les Voiture et les Benserade, cette forme presque calligraphique de poésie.

incise 1879

———————————————————————————————————————

in L’hydropathe
Le sonnet-fantôme

Il était une fois un poète blond qui aimait une grande actrice. Il faut, se dit-il, que je lui dédie un sonnet. Il se mit en conséquence à oublier l’heure des repas et à mâcher des hémistiches. Après avoir perpétré un, deux, trois sonnets qui lui semblèrent bien pâles en pensant à celle qui les inspirait, il finit par se dire que le bruit des villes nuit à l’inspiration, et parti pour un village inconnu de la Bretagne. Là, pensait-il, rien ne pourra me distraire. je serai tout à elle ! Il se mit à l’œuvre avec la ferveur de ses vingt ans, relut Pétrarque, et produisit enfin un sonnet prodigieux. Quand il l’eut écrit, il le déchira avec rage en murmurant – «  C’est enluminer le soleil ! Il me faut mieux que cela ! » Il recommença avec opiniâtreté. On le voyait errer par les champs. Ses cheveux incultes lui tombaient dans le dos. parfois en polissant une phrase il restait si longtemps immobile que les oiseaux, le prenant pour une caryatide se posaient sur son occiput. Il les sentait vaguement se becqueter dans sa chevelure. Le printemps poudrait à frimas les pommiers trapus. L’été ombrait les chemins, sous leurs frondaisons vigoureuses, l’automne vint qui fait tousser les poètes et valser les feuilles – puis, ce fut le tour de l’hiver. Il ne voyait rien de tout cela. Il avait repoussé la terre d’un pied dédaigneux, pour aller habiter les paysages lunaires. Il vivait là-haut : Cela dura si longtemps que Mlle X avait eu le temps de changer cent fois d’amants, et la France quatre fois de gouvernement. Patiemment il accouplait les rimes, les quatorze rimes de son chef d’œuvre. Il y mit les brumes de l’Allemagne, et les éclairs qui sont des paillettes sur la robe nuageuse du temps – Il y jeta toute la symphonie de l’amour ; ses rythmes gradués, ses extases … Enfin, il s’avoua content, plia l’oeuvre sous son bras et revint à Paris . Il descendit ès tavernes de Montmartre, s’assit à la Grand’ Pinte, but plein broc de cervoise, et lut son sonnet. Nous n’en citerons que la fin de peur que le compositeur ne nous passe ses pinces au travers du corps. la voici telle que l’avait tracée la main du jeune poète blond qui aimait une grande actrice :

« !… ( ?) —- !! … —- !  »
«  —— … !!! … ? … ! … — »

La Grand’Pinte se divisa en deux camps. Ceux de l’école du bon sens se levèrent avec des regards inquiets et gagnèrent la porte – symptôme rassurant. Mais Cabaner déclara ce sonnet sublime, et voulut le mettre en musique – symptôme inquiétant. Manet prit un crayon et esquissa la vignette qui devait orner cette page de poésie transcendante. Le poète souriait avec modestie. «  Maintenant, dit-il, je vais le déposer aux pieds de l’étoile. «  Comment s’appelle cette étoile qui a des pieds ?  » Il la nomma. personne à la Grand’Pinte ne semblait la connaître. Enfin l’un des vœux habitués lui dit, rassemblant ses souvenirs : ` «  Mlle X ? attendez ! Mlle X ? … c’est de l’histoire ancienne. Ah ! ça, d’où venez-vous donc ? . »«  Je viens, dit-il, de Plougastel en Bretagne, où je m’étais rendu pour composer ce sonnet. «  J’aurais dû m’en douter. Eh bien, vous pouvez y retourner. Votre étoile n’est plus au théâtre … C’est de l’histoire ancienne.  Où donc est-elle ? «  Je n’en sais rien, mon cher. C’est un vieil astre couché : à Paris, les femmes vont vite…

contribution au genre du sonnet de zéro mot