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coda 67 Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,

Camille Abaclar Je suis le ténébreux

Gilles Esposito-Farèse CLONE

El Desdichado

Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,
Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie:
Ma seule Etoile est morte, – et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m’as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le Pampre à la Rose s’allie.

Suis-je Amour ou Phoebus? … Lusignan ou Biron?
Mon front est rouge encor du baiser de la Reine;
J’ai rêvé dans la Grotte où nage la Sirène …

Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron:
Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.
PIÉRAL MÉNARVE

 » Cette version respect un grand nombre de contraintes oulipiennes: chaque vers est composé des mêmes lettres que le vers correspondant du poème original (anagramme), conserve la même structure grammaticale (homosyntaxisme), maintient toutes les voyelles en leurs positions initiales (homovocalisme), et suit la même règle pour les consonnes (homoconsonnantisme). Les rimes et les syllabes-clefs ont également été conservées, et la grande majorité des syllabes non accentuées aussi (homophonie). Il s’agit pour finir d’un panvocalisme lipogrammatique en k, w et z, chaque vers contenant obligatoirement toutes les lettres du mot ‘bravo’  en espagnol (olé). Cette accumulation de contraintes explique la regrettable obscurité de ce poème, mais ne pardonne hélas pas ses graves faiblesses prosodiques, notamment son utilisation à la rime de deux mots de même racine (Inconsolé au premier vers et consolé au cinquième). L’auteur, descendant d’Herbert Quain par sa mère et Jorge Luis Borges par son facteur, a expliqué sa méthode de travail dans Comment j’ai écrit certains de mes sonnets. Il a comparé l’anacyclique syllabique de « Dos, caddy d’aisselles  » de Georges Perec au M-7 d’ « El Desecativo  » de Raymond Queneau, et conservé » les vers qui coïncidaient.

coda 66 Je suis le ténébreux, le veuf, l’inconsolé,

in Camille Abaclar Je suis le ténébreux

Patrick Flandrin MASCULIN

*

Je suis le ténébreux, le veuf, l’inconsolé,
Le prince, l’Aquitain, au donjon aboli,
Mon seul astre est éteint, – et mon luth constellé
Porte le soleil noir d’un Drame enseveli.

Dans le soir du tombeau, toi qui m’as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et l’Etna, le Chianti,
L’arbre qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et ton jardin secret, parfumé et fleuri.

Suis-je Amour ou Phébus? … Lusignan ou Biron?
Mon front est rouge encor d’un baiser trop amène;
J’ai rêvé dans le Lot où nage l’indigène …

Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron;
Modulant tour à tour sur l’orphéon d’Orphée
Tes soupirs, Des Esseintes, et tes cris, René.

 » Tous les noms sont du genre masculin « 

coda 65 J’étais un ténébreux – mais tu m’as allumé

in Camille Abaclar Je suis le ténébreux

Elisabeth Chamontin CONTRADICTIONS

EL DESDI – MAIS CHADO

J’étais un ténébreux – mais tu m’as allumé
Prince j’avais ma tour – tu me l’as démolie
Mon ciel resplendissait – tu l’as déconstellé
Et mon soleil brillait – il est plus noir que lie

Je dormais au tombeau – tu m’as ressuscité
Rends-moi le Pausilippe – et je perds l’Italie
Cette fleur me plaisait – mais mon coeur s’est fané
La treille rosissait – la rose s’est salie

J’étais comme l’Amour – je ressemble à Biron
Mon front vermeil luisait – un baiser le gangrène
Dans la grotte on rêvait – on se noie dans la Seine

J’avais vaincu la mort – je plonge en l’Achéron
Eurydice m’aimait – je suis veuf comme Orphée
La sainte soupirait – je fais hurler la fée

GÉMÉRARD DE NERMÉVAL

 » Il s’agit d’un incompatibilité un poil schizophrénique entre hémistiches de gauche et hémistiches de droite, qui respectent (mais librement) les mots du poème initial. A lire à voix haute, les premiers d’une voix innocente et exaltée, les seconds d’un ton sévère et pragmatique. « 

coda 64 Grison enténébré je suis toujours en deuil

in Camille Abaclar je suis le ténébreux

Nicolas Graner ACROSTICHE

EL ACROSTICHADO

Grison enténébré je suis toujours en deuil
Et prince d’Aquitaine en ma tour qui tomba
Repérant mon  étoile, ainsi qu’un leitmotiv
Au luth mélancolique orné d’un soleil noir

Rappelé dans ma  nuit, toi qui m’as consolé
Donne-moi Pausilippe et le flot tyrrhénien
Des lys réconfortants pour un coeur désolé
Et la vigne où le pampre à la rose se fond

Ne suis-je pas Amour, Phébus riant, girond?
Es-tu rouge, mon front, de ce royal baiser?
Rêvais-je dans la grotte où la sirène alla?

Vainqueur j’ai déjà pu l’Achéron traverser
Appelant tout à tour, sur la lyre d’Orphée
La sainte soupirante et la fée au cri long

 » Les premières lettres de chaque vers forment le nom  » Gérard de Nerval « , les dernières lettres forment le même nom à l’envers. « 

coda 63 Ego tenebrentis, solus, inconsolem

in Camille Abaclar Je suis le ténébreux

Alain Zalmanski LATIN

TESTIS UNUS, VAE SOLI

Ego tenebrentis, solus, inconsolem
Aquitanum Principe abolitem Pisa
Stella morituri, – per lyra instellem
Ad majorem sole, utque Melencolia

Ad vitam aeternam, et tu quoque fili,
Gratis Pausilipum, mare tirenneum
Flores superbonum tristes corda mihi,
Rosa rosis rosae, vinum et non pamprum.

Sum Eros aut Phoebus? Sum ego Lusignae?
Ut frontum carmine putum de Reginae;
Omnia vincit amor Grota est in piscem …

Aut Caesar secondum passum in Achero
Credo quia absurdum, buccinat Orpheo
Sancta suspiramus, gementes virginem
NERLOVIDE ( L’Art d’aimer LXIX, 96)

 » Ce sonnet est composé en latin de cuisine (latinus coquinaria), à l’aide d’expressions et de locutions classiques de la langue d’Ovide, trouvées pour la plupart aux pages roses 990 et sqq. du Petit Larousse illustré (1987) ».

coda 62 What a man pas marrant, sans nana, sans calmants,

in Camille Abaclar Je suis le ténébreux

Pascal Kaeser MONOVOCALISME EN A

ADAD, À MALAGA, N’A PAS LA BARAKA

What a man pas marrant, sans nana, sans calmants,
Agha Khan d’Achkhabad à la casbah caca!
Sa star clamsa: navrant! Par maracas, l’amant
Lança l’astral char black achalandant tracas.

Dans l’alcazar fatal l’afflata sa maman.
Thalassa! Thalassa! Cap à Casablanca!
L’alkanna charma tant sa part à sang bramant.
L’Arsac à la malva s’attacha sans fracas.

Amma? Râma-chandra? D’Artagnan? Abraham?
Galata l’agaça: plasma valsa, car trac!
L’abab cadra Pallas dans l’ashram à grand lac.

L’ajax gagna, gagna! L’as balada Balam,
Translatant pas à pas, par tam-tam d’Abaclar,
La Callas ahanant, la Flagstad flambant l’art.
GASPARD CARNAVAL

 » ADAD: dieux assyro-babylo-phénicien de l’atmosphère et plus spécialement de l’orage, époux de la déesse-poisson Addir-daga. ACHKABAD: ancine nom d’ACHGABAT, capitale du Turkménistan. AFFLATER: vieux mot, qui s’est dit pour flatter, favoriser. ALKANNA: plante annuelle à fleurs tubulaires, généralement bleues. AQRSAQC: vin de Bordeaux. MALVAZ: nom latin de la mauve. AMMA: dieu suprême des Dogons. Râmachandra: dieu indien très populaire; son épouse, Sîta, est l’idéal de la pureté féminine. GALATA: princesse de haute taille qui s’unit à Héraklès; elle est l’ancêtre des Gaulois. ABAB: matelot turc liber, élevé dans l’empire ottoman. PALLAS: fille de Triton, le dieu à queue de poisson; elle fut la compagne de jeu d’Athéna; quand Pallas mourut, Athéna, pour l’honorer, prit son nom. ASHRAQM: monastère indien. AJAX: en tant que nom commun, se dit d’un guerrier vaillant, mais violent. BALAM: un des dém:on qui posséda Jeanne des Anges, supérieure du couvent de Loudun. FLAGSTAD: cantatrice norvégienne; une des plus grands interprètes de Wagner.