Archives de catégorie : rvf1

O vous qui écoutez dans mes rimes éparses — 1994 (4)

André Rochon trad. Pétrarque in Anthologie bilingue de la poésie italienne
O vous qui écoutez dans mes rimes éparses
Le son de ces soupirs dont j’ai nourri mon cœur
Au temps de ma première errance juvénile,
Quand j’étais en partie autre que je ne suis

Le style varié, en quoi je pleure et parle
Parmi les vains espoirs et la vaine douleur,
Chez qui comprend l’amour pour l’avoir éprouvé,
Trouvera, je l’espère, et pardon et pitié.

Mais je vois aujour’d’hui comment du peuple entier
Je fus longtemps la fable, en sorte que souvent
De moi-même à part moi j’éprouve de la honte,

Puisque honte est le fruit de mes délires vains,
Ainsi que repentir et claire connaissance
Que ce qui plaît au monde est un songe éphémère.

bl  alexandrins  tr (rvf 1)

O vous qui écoutez à mes rimes éparses — 1983 (2)

André Ughetto et Christine Grill Pétrarque: 42 sonnets…

1

O vous qui écoutez à mes rimes éparses
Le son de ces soupirs dont j’ai nourri mon coeur
En la jeune saison de mon erreur première
Quand en partie j’étais un autre que je suis,

Pour ce style où les pleurs se mêlent aux discours,
Vainement ballotté entre espoir et douleur,
Si l’un de vous conçoit quelle épreuve est l’amour
Puissè-je auprès de lui trouver miséricorde.

Mais maintenant je sais quelle risée je fus
Et pendant si longtemps et au regard de tous
(Le plus souvent même en moi-même je rougis)

Et de mon égarement la honte est le fruit,
Avec le repentir et le savoir certain
Que ce qui semble plaire ici-bas n’est que songe.

bl – tr

Vous qui surprenez dans mes vers le bruit — 1945 (1)

Aragon V sonnets de Pétrarque

1

Vous qui surprenez dans mes vers le bruit
De ces soupirs dont j’ai nourri mon cœur
Dans ma première et juvénile erreur
Quand j’étais homme autre que je ne suis

Aux tons divers dont je plains mes ennuis
Suivant l’espoir vain la vaine douleur
Si l’un comprend l’amour par son malheur
J’attends pitié non point pardon de lui.

Mais je vois bien comme je fus la fable
Du peuple entier longtemps et le tourment
Au fond de moi de la honte m’en ronge

Jours égarés j’en garde seuls durables
Ce repentir et clair entendement
Tout ce qui plaît au monde n’est qu’un songe

Q15 – T36 – déca – tr

O vous qui écoutez, en mes rimes éparses — 1942 (5)

Pétrarque – in   Pierre Poirier: Pétrarque vu par lui-même

1

O vous qui écoutez, en mes rimes éparses
L’écho de ces soupirs dont s’est nourri mon cœur
Aux premières erreurs de l’âge juvénile
Quand j’étais en partie un autre que ne suis;

De mon style varié où je pleure et dispute
Tant d’espoirs qui sont vains et de vaines douleurs,
Je trouverai, j’espère, et pitié et pardon,
Près qui comprend l’amour pour l’avoir éprouvé.

Mais je vois, à présent, comment du peuple entier
Je fus longtemps la fable, et souvent
Je regarde en moi la honte de moi-même

De mes vers, qui sont vains, la vergogne est le fruit;
Comme le repentir j’ai la claire conscience
Que ce qui plaît au monde est un songe bien court.

bl – tr (pétr.1)

O vous qui percevez, sous la rime qui sonne, — 1936 (4)

Jacques Langlois Les sonnets amoureux de Pétrarque

1

O vous qui percevez, sous la rime qui sonne,
L’écho de ces soupirs dont j’ai nourri mon cœur
Au temps de ma première et juvénile erreur,
Lorsque j’étais alors tout une autre personne,

Sous le style divers où sanglote et raisonne
Ma bien vaine espérance et ma vaine douleur,
Que votre expérience, en lisant mon ardeur,
M’accorde une pitié qui comprenne et pardonne.

Mais, je vois aujourd’hui combien longtemps je fus
La fable de la foule; et j’en suis tout confus
Vis-À-Vis de moi-même et rempli de vergogne.

Honte est fruit de folie; et j’apprends clairement,
Par repentir tardif de si folle besogne,
Qu’ici-bas ce qui plaît est songe d’un moment.

Q15 – T14 -banv –  tr (rvf 1)

O vous qui recherchez dans ces rimes éparses — 1933 (3)

Fernand Brisset Pétrarque à Laure

1

O vous qui recherchez dans ces rimes éparses
L’écho de ces soupirs dont j’ai nourri mon cœur
Dans le dérèglement de ma prime jeunesse,
Quand j’étais en partie autre que je ne suis.

Sous le style changé dans lequel je déplore
Tant de vaines douleurs et tant de vains espoirs,
J’espère, de vous tous, si vous avez aimé,
Obtenir indulgence et même sympathie.

Mais je vois que je fus longtemps pour tout le monde
Un objet de risée, et, souvent, j’en éprouve
A part moi, pour moi-même, un sentiment de honte,

Car la honte est le fruit de toutes mes folies,
Comme mon repentir, comme ma certitude
Que le plaisir sur terre est un songe bien court.

bl – tr  – La version qu’il avait publiée en 1899 était en prose

Vous qui écoutez dans ces rimes éparses — 1900 (10)

Hippolyte Godefroy Poésies complètes de François Pétrarque

Canzoniere,1

Vous qui écoutez dans ces rimes éparses le son de ces soupirs dont j’ai nourri mon cœur dans ma première erreur juvénile quand, en partie, j’étais un autre homme que je ne suis.

Pour le style varié dans lequel je pleure et je raisonne au milieu des vaines espérances, des vaines douleurs, partout où l’amour se trouve, de tout homme qui, par expérience, pourra comprendre ma douleur; eh bien, de celui-là, je pourrai trouver la pitié, non moins que le pardon!

Mais je vois bien maintenant que moi, qui ai été si longtemps la fable de tout le peuple, que souvent, j’en suis venu à avoir honte de moi-même;

Je rougis en secret de tous les fous délires, je me reproche ce que j’ai fait et je suis fermement convaincu que tout ce que le monde appelle le plaisir, n’est en réalité qu’un vain songe.

pr – tr

Vous qui prêtez l’oreille à cette plainte amère — 1887 (2)

J. Casalis et E. de Ginoux (trad.)Cinquante sonnets de Pétrarque

Vous qui prêtez l’oreille à cette plainte amère
De mes vers, long soupir à l’écho confié,
Dont j’ai nourri mon coeur trop plein de sa chimère,
Quand il ne s’était pas encor purifié.

Pour mes chants de triomphe et mes cris de misère,
Comme pour mon orgueil déjà tant expié,
Parmi vous tous qu’Amour a fait souffrir, j’espère,
A défaut de pardon, trouver quelque pitié.

Je vois trop maintenant que de la multitude
Je fus longtemps la fable; aussi bien, dans mon coeur,
Je rougis de moi-même et de ma servitude.

J’ai recueilli pour fruit de ma crédule ardeur
Le repentir, la honte, enfin la certitude
Que la faveur du monde est un songe trompeur.

Q8 – T20 – tr  (Pétrarque, rvf 1)

Vous en qui les soupirs de mes vers langoureux — 1884 (6)

L. Jehan-Madelaine Sonnets de Pétrarque – Traduction libre –

I

Vous en qui les soupirs de mes vers langoureux
Rappellent les écarts de ma folle jeunesse,
Alors que, me croyant à jamais amoureux,
J’exaltais dans mes chants quelque belle maîtresse;

Si vous avez aussi brûlé des mêmes feux,
Eprouvé les tourments de l’amour, son ivresse,
Vous plaindrez mon malheur, mes accents douloureux
Et vous pardonnerez mon extrême faiblesse.

Je comprends maintenant qu’on traite d’insensé
Cet ancien sentiment: mon coupable passé,
Que je déplore, hélas!, dont je rougis moi-même.

Ma folie a produit ce fruit: le repentir.
Tout ce qui plaît au monde est mensonge ou blasphème:
Epris de l’amour vrai, je maudis le plaisir.

Q8 – T14 – tr (Pétrarque, rvf 1)

O vous qui, dans mes vers écoutez la cadence, — 1877 (3)

Joseph Poulenc, trad.Rimes de Pétrarque

I

O vous qui, dans mes vers écoutez la cadence,
Des soupirs qui servaient d’aliment à mon coeur
Quand je subis l’assaut de ma première erreur,
Aux jours déjà lointains de mon adolescence,

J’attends, sinon pardon, tout au moins indulgence
De celui qui connaît l’amour et son ardeur,
Si, dans mon vain espoir et ma vaine douleur,
Je ne fais que pleurer et peindre ma souffrance.

Mais je vois maintenant combien au peuple entier,
J’ai dû servir longtemps de fable et de risée,
Et je rougis de moi dans ma propre pensée.

Et voilà le profit de mon long rêve altier:
Le repentir, la honte, et l’aveu sans mystère
Que ce qui nous plaît tant n’est qu’un songe éphémère

Q15 – T30 – tr  (Pétrarque rvf 1)