Chapitre 2 — Le descriptif formel

1 On pourrait procéder de nombreuses manières pour décrire et suivre l’évolution de la forme

1 1 On pourrait procéder de nombreuses manières pour décrire et suivre l’évolution de la forme dans les limites temporelles fixées ici (1801-1998) . Celle que j’ai choisie, compte tenu des considérations qui précèdent, ne part pas d’une définition précise du sonnet. J’ai inclus dans mon étude le plus grand nombre possible de textes qu’il me semblait possible de traiter comme des sonnets. Il y a évidemment une large part d’arbitraire dans ces décisions. Mais pas seulement. J’ai reconnu comme sonnets

1 2

a – Des textes qui directement ou indirectement sont désignés comme tels dans les ouvrages où ils figurent

1 3

b – D’autres textes qui sont formellement bâtis de la même manière que certains de ceux qui appartiennent à la première classe.

1 4

c – Certains textes dont la forme m’apparait déduite de celle des précédents par une transformation simple et explicite.

1 5 Dans la plupart des cas, l’attribution à un texte du CHOIX de l’étiquette SONNET ne soulèvera guère d’objections. Mais pour un petit nombre d’entre eux elle est loin d’être évidente. Ce sont des CAS-FRONTIÈRES.


2 Le corpus de l’étude

2 1 J’ai examiné un très grand nombre de poèmes que je nomme sonnets, et considère comme des exemples d’une forme poétique, la forme-sonnet :

2 2 Disons, et seulement pour fixer les idées, à peu près

50 000

2 3 Les bibliothèques en enferment certainement beaucoup plus (je ne saurais dire combien, même approximativement). La plupart de mes exemples proviennent de la Bibliothèque de France. Ils sont contenus dans des livres, des brochures et des revues. J’indique très sommairement la provenance de chacun. On verra aisément ainsi que mon livre n’est pas un livre savant. Car je ne me suis pas privé, par exemple, d’avoir recours à des éditions récentes plutôt qu’aux originales quand cela m’était plus commode (il en résulte certainement des erreurs). Je n’ai pas placé toujours un sonnet à la date de sa première parution, … Mais quels que soient les défauts de ma démarche (on y ajoutera les erreurs de lecture, les erreurs d’analyse formelle de certains textes, ….), elle présente, il me semble, un avantage certain : il y a beaucoup d’exemples, et ce simple fait pourra permettre à mes lecteurs de prendre la mesure de la grande variété formelle et esthétique de ce qui a été écrit dans le genre ‘sonnet’ d’une part, d’autre part d’éviter de croire à telle ou telle de ces généralisations abusives qui abondent dans la littérature critique (je me suis permis de mentionner telle ou telle à la suite de certains sonnets).

2 4 Mon CHOIX, à l’intérieur de l’ensemble des sonnets examinés (désignés tels par moi) n’est pas, quantitivement, réellement représentatif de l’ensemble : les phénomènes les plus rares y sont évidemment sur-représentés

2 4 1 voir par exemple, la très longue liste des ‘sonnets sur le sonnet’.

2 5 J’ai ajouté, déduites de l’examen de la plus grande partie des poèmes examinés pendant le temps de mon étude, quelques données chiffrées pour corriger un peu la fausse impression que, parfois, le CHOIX pourrait donner au lecteur.

3 Présentation du DESCRIPTIF FORMEL, I

3 1 Le CHOIX, première partie de cette étude, est une succession d’ARTICLES. La plupart de ces articles sont consacrés à un sonnet particulier. Les autres sont, soit des titres de chapitres (le CHOIX est divisé en 14 chapitres, correspondant à des tranches chronologiques), soit des INCISES, constituées, par exemple, d’extraits de traités de versification. Il y a plus de 2052 ARTICLES. (01/03/2011)

3 2 Chaque sonnet reproduit dans un ARTICLE de la première partie, le CHOIX, est accompagné éventuellement d’un commentaire, dont une partie est un commentaire formel minimal qui met en évidence certaines caractéristiques de sa forme.

3 3 Ces caractéristiques sont les CATEGORIES du DESCRIPTIF FORMEL, attribuables à ce sonnet.

3 4 Chaque CATEGORIE du DESCRIPTIF FORMEL représente un aspect de la FORME-SONNET.

3 5 Plus de 200 CATEGORIES (222 au 01/03/2011) sont utilisées pour la DESCRIPTION. Je les présente maintenant sommairement.

3 6 Dans quelques cas, le nombre des sonnets appartenant à une CATEGORIE est trop important pour qu’il soit nécessaire de le signaler. Dans c cas on a affaire à une CATEGORIE SILENCIEUSE

3 6 La FORME-SONNET est une forme écrite. La manière dont un sonnet apparaît dans une page est un trait significatif de sa forme. Ce trait est noté DISPOSITION STROPHIQUE. La grande majorité des sonnets a la disposition strophique : quatre strophes, séparées les unes des autres par une ligne de blanc. Les vers sont au fer à gauche dans la ligne. Cette DISPOSITION STROPHIQUE serait notée ‘4+4+3+3’, si elle n’était une CATEGORIE SILENCIEUSE .

3 7 Les DISPOSITIONs STROPHIQUEs signalées sont :

a) quelques dispositions notables (par exemple ‘4+4+4+2’)
b) les sonnets à strophes non séparées, signalées comme ‘sns’.
c) les autres dispositions qui sont distinctes de la
disposition silencieuse sont placées dans la catégorie ‘dispositions diverses’

3 7 1 des dispositions envisagées dans le chapitre 7 de la seconde partie, relative au sonnet français des 16ème et 17 ème siècle ne sont pas ici pertinentes : disposition gauche et disposition droite.

4 Présentation du DESCRIPTIF FORMEL, II : les FORMULES de RIMES : I

4 1 Le modèle dominant du sonnet français (en accord sur ce point avec son ancêtre italien) est divisé (comme l’indique la DISPOSITION STROPHIQUE) en deux parties : un octave, composé de deux quatrains, suivi d’un sizain, composé de deux tercets.

4 2 La suite des rimes du sonnet est un élément essentiel de sa forme. Je la note FORMULE DE RIMES.

4 3 Les rimes des quatrains sont notées par les lettres a, b, a’, b’, ..

4 4 Dans la version ordinaire, largement majoritaire, des sonnets du choix chaque quatrain est bâtis sur deux rimes, et présente l’un des trois modèles possibles de quatrains :

a) quatraint plat : ‘xxyy
b) quatrain alterné : ‘
xyxy’
c) quatrain embrassé : ‘
xyyx’

4 5 Ordinairement, toujours, l’octave du sonnet se compose de deux quatrains, chacun de l’un des types indiqués plus haut.

4 6 Il y a, pour les octaves ordinaires 63 CATEGORIEs de FORMULES DE RIMES de QUATRAINS énumérées ci-après, en suivant l’ordre lexicographique. Je note la première rime rencontrée par a, la deuxième par b. Si de nouvelles rimes apparaissent dans le deuxième quatrain, elles sont notées a’, b’.

4 7 Octave sur deux rimes distinctes :

Q1 aabb aabb
Q2 aabb abab
Q3 aabb abba
Q4 aabb baab
Q5 aabb baba
Q6 aabb bbaa
Q7 abab aabb
Q8 abab abab
Q9 abab abba
Q10 abab baab
Q11 abab baba
Q12 abab bbaa
Q13 abba aabb
Q14 abba abab
Q15 abba abba
Q16 abba baab
Q17 abba baba
Q18 abba bbaa

4 8 Octave sur trois rimes

Q19 aabb aab’b’
Q20 aabb ab’ab’
Q21 aabb ab’b’a
Q22 aabb bba’a’
Q23 aabb ba’ba’
Q24 aabb ba’a’b
Q25 aabb a’bba’
Q26 aabb a’ba’b
Q27 aabb a’a’bb
Q28 aabb b’aab
Q29 aabb b’ab’a
Q30 aabb b’b’aa
Q31 abab aab’b’
Q32 abab ab’ab’
Q33 abab ab’b’a
Q34 abab bba’a’
Q35 abab ba’ba’
Q36 abab ba’a’b
Q37 abab a’bba’
Q38 abab a’ba’b
Q39 abab a’a’bb
Q40 abab b’aab’
Q41 abab b’ab’a
Q42 abab b’b’aa
Q43 abba aab’b’
Q44 abba ab’ab’
Q45 abba ab’b’a
Q46 abba bba’a’
Q47 abba ba’ba’
Q48 abba ba’a’b
Q49 abba a’bba’
Q50 abba a’ba’b
Q51 abba a’a’bb
Q52 abba b’aab’
Q53 abba b’ab’a
Q54 abba b’b’aa

4 9 Octave sur quatre rimes

Q55 aabb a’a’b’b’
Q56 aabb a’b’a’b’
Q57 aabb a’b’b’a’
Q58 abab a’a’b’b’
Q59 abab a’b’a’b’
Q60 abab a’b’b’a’
Q61 abba a’a’b’b’
Q62 abba a’b’a’b’
Q63 abba a’b’b’a’

4 10 Si le premier, le second quatrain ou les deux sont monorimes (aaaa), ou si les quatrains ne sont pas autonomes, la séquence des rimes de l’octave est notée entièrement. Les octaves qui ne rentrant pas dans les catégories précédentes sont dits octaves excentriques. Ils sont de trois sortes

a) symétriques

b) dissymétriques

4 11 Les octaves symétriques sont ceux où une des rimes du premier quatrain est isolée, mais où le second quatrain a soit la même formule de rimes (aaba bbab ; abaa babb, …), soit son palindrome (aaab baaa, …) ; l’octave dans son ensemble peut être à deux ou à trois rimes (abbb ab’b’b’ …).Les autres octaves sont dissymétriques

4 12 c) Une troisième catégorie d’octaves est celle où chaque quatrain est monorime : aaaa bbbb. Je note A4B4

5 Présentation du DESCRIPTIF FORMEL, III : les FORMULES de RIMES : II

5 1 Reprise de rimes : les rimes des tercets (sizain) sont ordinairement distinctes de celles de l’octave (quatrains). Il arrive qu’une ou deux rimes de l’octave soient reprises dans les tercets. Notation : y=x

5 2 Souvent, mais pas toujours, j’indique la nature de ces reprises : e=a ; c=b & d=a …

5 3 Il y a, pour les sizains ordinaires 41 CATEGORIEs de FORMULES DE RIMES de TERCETS énumérées ci-après, en suivant l’ordre lexicographique

5 4

T1 ccc ccc
T2 ccc cdd
T3 ccc dcd
T4 ccc ddc
T5 ccc ddd
T6 ccd ccd
T7 ccd cdc
T8 ccd cdd
T9 ccd dcc
T10 ccd dcd
T11 ccd ddc
T12 ccd ddd
T13 cc dd ee
T14 ccd ede
T15 ccd eed
T16 cdc ccd
T17 cdc cdc
T18 cdc cdd
T19 cdc dcc
T20 cdc dcd
T21 cdc ddc
T22 cdc ddd
T23 cdc dee
T24 cdc ede
T25 cdc eed
T26 cdd ccc
T27 cdd ccd
T28 cdd cdc
T29 cdd cdd
T30 cdd cee
T31 cdd dcc
T32 cdd dcd
T33 cdd ddc
T34 cdd ece
T35 cdd eec
T36 cde cde
T37 cde ced
T38 cde dce
T39 cde dec
T40 cde ecd
T41 cde edc

5 5 Les tercets sont à deux ou à trois rimes (T13 à T15 ; T23 à T25 ; T30 ; T34 à T41)

5 6 Si certains vers n’ont pas de rime, ils sont notés x, y, z, …, et la séquence des rimes des tercets est notée en entier . Les sizains qui n’entrent pas dans les catégories précédents sont les tercets excentriques

6 Présentation du DESCRIPTIF FORMEL, IV : les FORMULES de RIMES : III

6 1 Il n’est pas possible de consacrer des catégories descriptives à toutes les combinaisons envisageables de quatrains et de tercets (plus de 2500). Les rimes des tercets sont généralement indépendantes de celles des quatrains, mais il existe un certain nombre de cas où il est important de noter la Formule entière des rimes du sonnet. J’en ai signalé quelques unes :

6 2 Les quatrains et les tercets sont monorimes (sur des rimes distinctes). Cette catégorie est notée A4B4C3D3

6 3 Pour un sonnet non rimé (en vers blancs) : bl

6 4 Une seule rime pour tout le sonnet : monorime

6 5 A la rime peut se susbstituer la reprise des mêmes mots (un ou plusieurs) : mots-rimes

6 6 A la place de l’organisation ordinaire des strophes  (deux quatrains suivis de deux tercets : QQTT) (catégorie silencieuse), on peut avoir affaire à des Permutations de strophes : QTQT, QTTQ, s.rev (sonnet renversé), TQQT, TQTQ

6 7 Formule plate (sept distiques successifs) : PL

6 8 Le sonnet en prose : pr

6 9 La formule entière du sonnet est excentrique : r.exc.

6 10 Il y a des vers-refrains : refrains

6 11 Sonnets où il manque des vers : s.lacunaire

6 12 Une formule de rimes qui reproduit celle du sonnet anglais dit ‘shakespearien’, (abab cdcd efef gg), mais avec des strophes séparées, de disposition 4+4+4+2 : shmall (Mallarmé l’utilise beaucoup)

6 13 Une variante de la précédente où les trois quatrains sont à rimes embrassées ( abba cddc effe gg) : shmall-bis

6 14 Formule de rimes ‘spensérienne’, à strophes séparées (4+4+4+2), (abab bcbc cdcd ee) : sp

6 15 Les quatre modèles dominants au seizième siècle sont identifiés comme Formules principales

6 16 La combinaison Q15-T14 (abba abba ccd ede) qui est la formule exigée par Banville est indiquée par banv

6 17 La combinaison Q15- T15 (abba abba ccd eed) (que préférait Ronsard) est notée Rons

6 18 La combinaison Q8-T15 (abab abab ccd eed) (employée systématiquement en alternance avec banv par Carnot en 1820) est notée carn

6 19 La combinaison Q8 – T14 (abab abab ccd ede), qui utilise trois quatrains alternés est notée alal

6 20 Si, dans chacune des formules prcédentes on renverse les tervets, on obtient quatre nouvelles formules que je signale comme Formules secondes

6 21 Q8 – T23 (abab abab cdc dee) : alal-2

6 22 Q8 – T30 (abab abab cdd cee) : carn-2

6 23 Q15 – T23 (abba abba cdc dee) : banv-2

6 24 Q15 – T30 (abba abba cdd cee) : rons-2

7 Présentation du DESCRIPTIF FORMEL, V

7 1 La prosodie française, depuis le milieu du 16ème siècle environ et jusque très

avant dans le 19ème s’est soumise à la règle de l’alternance des rimes. Les rimes sont de deux espèces, masculine et féminin et on ne peut changer de rime sans changer de genre.

7 2 Diverses catégories recensent les types de violations du Genre des rimes :

Si la première rime du sonnet est féminine : 1-fem.

Les sonnets de Malherbe qui ont donné naissance à l’idée de sonnet régulier sont à placer à la fois dans la catégorie banv, et dans la catégorie 1-fem ; la combinaison de ces deux trraits représente un sonnet ‘banvilien strict’, ou ‘malherbien’. La catégorie malh les marque.

Quatrains à rimes féminines, Q-fem ; à rimes masculines, Q-masc ; Tercets à rimes féminines, T-fem ; à rimes masculines, T-masc ; Formules entières féminines, r.fem ; formules entières masculines, r.masc ; combinaisons diverses de ces catégoies, divers genre – dans quelques cas on rencontre un jeu associant à une rime masculine x la rime féminine qui lui correspond. Je note x* la rime féminine associée à x

7 3 Le nombre des vers d’un sonnet du CHOIX est ordinairement 14. Mais il existe des sonnets plus longs ou plus courts. Dans Longueur du sonnet figurent plusieurs sous-catégories, caractérisées par le nombre des vers, 8v, 10v, 11v …, autres longueurs ; des cas spéciaux : le sonnet caudato, le s.double

7 4 Les Mètres: identifiés par le nombre des positions métriques (‘syllabes’) : mono, 2s à 7s, octo, 9s, déca, tara (autre mètre à dix syllabes, le taratantara, à deux hémistiches de 5 syllabes), 11s, 13s à 16s. L’alexandrin est une catégorie silencieuse. Le vers de 12 syllabes coupé 4+4+4 est noté trimètre. Il y a des sonnets qui emploient deux ou plusieurs mètres différents : 2m. Et des sonnets sont la métrique est irrégulière : m.irr

7 5 Les vers sont non comptés non rimés : vL

7 6 La catégorie Ornements distingue : les acostiches, acr ; les bouts-rimés, b.rim ; diverses homophonies, les logogriphes, les sonnets en argot, s.argot ; et une sous-catégorie fourre-tout pour des contraintes variées, nommées globalement oulipismes

7 7 La catégorie past-part met ensemble les pastiches et les parodies, past

7 8 J’ai introduit dans le CHOIX plus d’une centaine de sonnets traduits. La catégorie Traduction distingue les traductions de Pétrarque, rvf1 (traduction du premier sonnet), rvf (un autre sonnet) ; les traductions de sonnets de Shakespeare : sh52 et sh. Les autres traductions sont notées simplement tr

7 9 Dans la catégorie Variantes de la forme : 14l (14 lignes) ; demi-sonnet ; la forme-lorrain (inventée par Jehan Lorrain) ; s.+s.rev (variante du sonnet double : un sonnet suivi d’un sonnet renversé) ; le sonnet irrationnel (invention de Jacques Bens, de l’Oulipo) ; le sonnet triolet ; quelques autres non honorées d’une catégorie particulière.

7 10 Dernière grande catégorie, les variétés particulières : arv (les réponses au, et parodies du fameux ‘sonnet d’Arvers’), les ‘boules de neige’, bdn ; le ‘bouquet inutile’ (une sélection d’une vingtaine de ‘sonnets quelconques’), bi ; les couronnes de sonnets, couronnes ; et plus de 130 ‘sonnets sur le sonnet’, s sur s

8 Commentaires du DESCRIPTIF FORMEL, I

8 1 Les sonnets du CHOIX sont accompagnés d’une très courte description formelle, qui signale en particulier les peincipales catégories du descriptif pertinentes pour l’analyse formelle du poème.

8 2 Pour chaque trait du descriptif, le nombre des sonnets du Choix qui ont été classés dans cette catégorie est évidemment une donnée importante pour le tracé du ‘portrait formel’ de la forme-sonnet, qui est le but de cette partie de mon ouvrage. Je vais considérer maintenant ces données numériques.

8 3 Il faut tenir compte du fait que le nombre total des textes (en dehors de la coda) est 2000.

8 4 Et de cet autre fait que les traits rares et certaines catégories sont favorisés dans le CHOIX par le mode de sélection des sonnets. Pour cette raison, je complèterai et corrigerai en partie les conclusions qui vont suivre, d’un examen d’une grande partie du corpus des sonnets à partir duquel le CHOIX a été constitué.

8 5 Signalons enfin que les données numériques sur les catégories du CHOIX sont des données globales qui ne donnet aucune indication sur l’évolution de la forme. Une correction partielle de ce défaut sera obtenue par l’exament des données portant sur la partie étendue du corpus que j’ai analysée par tranches chronologiques.

8 6 DISPOSITIONS STROPHIQUES.

La disposition ordinaire (silencieuse) des sonnets est de loin la plus fréquente. Peu de sonnets y échappent : guère plus d’une centaine. Les moins rares des dispositions non ordinaire sont les sns (strophes non séparées ; une cinquantaine de cas) et les dispositions ‘pseudo anglaises’ de la catégorie shmall une trentaine).

8 7 QUATRAINS

Dans 1644 textes, la formule de rimes des quatrains appartient à l’une des 63 catégories notées dans le descriptif.

8 8 Le type le plus fréquent de quatrains est le type Q15- abba abba, de quatrains embrassés, qui est celui des premiers sonnets en langue française (Marot, Ronsard) et vient directement du modèle italien (Pétrarque). 681 exemples sont recensés dans le CHOIX. C’est beaucoup, mais beaucoup, beaucoup moins qu’il ne devrait y en avoir, si le sonnet était soumis aux règles les plus souvent alléguées par les traités de versification (et pas seulement par Banville).

8 9 En seconde position (pour la fréquence), on trouve les quatrains alternés, Q08 – abab abab, présents dans moitié moins des cas, 336 exemples.

8 9 1 Cette variété de quatrains était présente chez Pétrarque, mais peu représentée. Elle était rare encore dans les débuts du sonnet français. Elle était devenue plus fréquent dès la fin du 16ème siècle.

8 9 2 Les progrés des quatrains alternés sont une conséquence, me semble-t-il d’une tendance générale de la prosodie française depuis les origines (les Trouvères) à éviter le plus possibles le retard à l’écho d’une rime

8 9 2 1 Les quatrains embrassés sont quasi-absents dans l’oeuvre de Hugo.

8 9 2 1 1 Il s’en trouve, curieusement, deux dans Booz endormi

8 10 A eux deux, les quatrains Q08 et Q15 sont présents dans plus de la moitié des quatrains du CHOIX (1017)

8 11 Poursuivant l’examen par fréquences décroissantes, on trouve, un peu au-dessus de 100 exemples, Q59 – abab a’b’a’b’ (118) et Q63 – abba a’b’b’a’ (106).

8 12 Ces deux formules sont à quatre rimes, violent cyniquement la fameuse ‘règle de la quaduple rime’ ; et sont pourtant pas mal nombreuses.

8 13 La première, Q59, est faite de deux quatrains alternés, et apparaît donc comme résultant d’une ‘desserrement’ de la contrainte de Q08 qui oblige à trouver quatre mots de rime ‘a’ et quatre mots de rime ‘b’ (‘quadruple rime’ !).

8 14 Il en est de même pour Q63 qui ‘simplifie’ Q15.

8 14 1 La légère préférence de Q59 sur Q63 est un témoin supplémentaire de la tendance à choisir le type ‘alterné’ plutôt que le type ‘embrassé’ de quatrains.

8 15 La formule Q16 – abba baab, qui s’obtient à partir de Q15 par ‘échange’ des rimes ‘a’ et ‘b’ dans le second quatrain, a 68 représentants.

8 16 On passe ensuite à un petit groupe de formules, qui comptent entre 20 et cinquante exemples : Q10 – abab baab (48), Q11 – abab baba (34), Q09 – abab abba (29), Q17 – abba baba (27), d’une part, formules qui utilisent la concaténation de quatrains alternés et embrassés, avec éventuellement ‘échange’ des rimes ‘a’ et ‘b’ ; et la formule Q01 – aabb aabb (28) , concaténation de deux quatrains plats (parfaitement respectueuse de la règle de Gautier, mais certainement pas conforme à son idée de la forme !). Plus de 1% de sonnets du CHOIX sont ainsi à quatrains plats, ce qui n’est pas négligeable, n’en déplaise à mr Robb.

8 16 1 L’amour de la prosodie française pour la ‘platitude’, dont elle fit une orgie dans le théâtre classique, est très visible au 19ème siècle.

8 16 1 1 Jointe à une version très faible de la rime, on la retrouve aujourd’hui dans le ‘slam’.

8 17 On arrive maintenant à des formules rares : de 10 à 20 exemples, on trouve :

a) Q62 – abba a’b’a’b, (19) Q60 – abab a’b’b’a’ (15), à quatre rimes

b) Q14 – abba abab (16)

c) Q32 – abab ab’ab’ (13), Q38 – abab a’ba’b (12) , Q45 – abba ab’b’a (11), seules formules à trois rimes dépassant les 10 exemplaires.

8 18 Toutes les autres formules de quatrains ont moins de 10 exemples.

8 19 En particulier, plusieurs formules sont des ‘unicum’ :

Q05 – aabb baba

Q21 – aabb ab’b’a , Q24 – aabb ba’a’b , Q33 – abab ab’b’a , Q34 – aabb bba’a’ , Q44 – abba ab’ab’, Q47 – abba ba’ba’, Q53 – abba b’ab’a

Toutes, sauf une, sont à trois rimes.

8 20 Les 63 formules de quatrains ‘ordinaires’ ne sont pas toutes attestées.

8 21 Toutes les formules à deux rimes sont présentes dans le CHOIX

8 22 Toutes les formules à quatre rimes sont présentes dans le CHOIX.

8 23 Les seule formules absentes sont à trois rimes : Q20, Q22, Q23, Q25, Q26, Q28 à Q31, Q37, Q39 à Q43, Q46, Q50 & Q51, Q54. 19 en tout, sur 36 possibles. C’est plus de la moitié ; c’est beaucoup.

8 24 J’ai commenté la catégorie des quatrains excentriques lors de la présentation du descriptif formel, je n’y reviens pas maintenant. J’en donnerai la liste plus loin.

8 25 TERCETS

Comme dans le cas des quatrains, 1650 sonnets environ du CHOIX ont une des 41 formules de rimes de sizain répertoriées dans les catégories du blog QUASI-CRISTAUX.

8 26 La formule ‘marotique-ronsardisante’ Q15 – ccd eed est la mieux représentée : 647 exemples.

8 27 La deuxième formule historique, la formule ‘Peletier du Mans’, Q14 – ccd ede, a 508 exemples.

8 28 A elles 2 ces formules, dominantes depuis les origines du sonnet français totalisent 1155 exemples, et ne laissent, pour les autres formules que 489 possibilités.

8 29 C’est quand même beaucoup.

8 30 Viennent ensuite (fréquence décroissante) T30 – cdd cee (107) et T23 – cdc dee (89)

8 31 autour de 50 : T20 – cdc dcd (51) ; T13 – ccd dee (50) (formule plate)

8 32 T06 – ccd ccd (30) ; T21 – cdc ddc (19) ; T28 – cdd cdc (16) ; T29 – cdd cdd (12) ; T17 – cdc cdc (11) . Formules à deux rimes

à trois rimes : T24 – cdc ede (11) ; T25 – cdc eed (10)

8 33 Toutes les autres formules de tercets sont attestées par moins de 10 sonnets.

8 34 Les 41 formules de tercets sont toutes présentes dans le CHOIX.

8 35 Plusieurs formules sont des unicums :

a) T02 – ccc cdd ; T03 – ccc dcd ; T11 – ccd ddc ; T12 – ccd ddd ; T26 – cdd ccc ; T32 – cdd dcd qui ont une caractéristique commune : elles contiennent des séquences d’aumoins 3 rimes consécutives : ccc ou cccc, ddd ou dddd

b) T40 – cde ecd

8 36 Les formules à trois rimes T24 et T36 à T41, essentielles dans le sonnet italien ne totalisent que 30 exemples.

8 36 1 La règle d’alternance y est évidemment pour beaucoup.

8 36 2 La formule T24 – cdc ede a été beaucoup employée par Baïf, au 16ème siècle.

8 37 La formule pétrarquiste principale à deux rimes, T20 – cdc dcd ( la plus ancienne des formules ‘siciliennes’) n’a droit qu’à 51 exemples.

8 38 Je recense 25 tercets excentriques (généralement contenant un vers sans rime au moins, ou une rime des quatrains)

9 Commentaires du DESCRIPTIF FORMEL, II

9 1 Certaines catégories impliquent la Formule entière d’un sonnet. Ellles concernent 1058 d’entre eux.

9 2 A4B4C3D3 : toutes les strophes sont monorimes. (8 ex.)

9 3 les formules principales : (832)

9 3 1 La combinaison des quatrains Q15 – abba abba et des tercets T14 – ccd ede, banv, seule reconnue comme régulière par Banville compte 321 représentants. Ce n’est pas beaucoup ! . Même si le CHOIX favorise les cas plutôt rares, ce n’est quand même pas beaucoup.

9 3 2 rons : 200 ; carn : 170 ; alal : 65

9 3 3 les quatrains embrassés l’emportent sur les quatrains alternés

9 3 4 les données concernant les formules secondes sont à peu près équivalentes pour les quatre types : rons-2 (30) ; banv-2 (18) ; carn-2 (17) ; alal-2 (16)

9 4 Sonnets non rimés, bl : 80

9 5 Sonnets monorimes : 7

9 6 Entièrement plats, PL : 4

9 7 Sonnets en prose : 22 (la plupart sont des traductions)

9 8 Les formules dérivées des formes propres au sonnet anglais shmall, shmall*, sp : 38 (j’en donnerai la liste complète dans le chapitre consacré aux listes)

9 9 Le nombre ordinaire des vers (longueur silencieuse) étant de 14, les exemples de Longueur différente de la longueur ordinaire sont recensés : 56

9 10 Mètres

Le mètre silencieux est l’alexandrin. 585 sonnets emploient un ou d’autres mètres, ou encore sont d’une métrique irrégulière (m.irr : 54)

9 11 Le mètre le plus fréquent après l’alexandrin est l’octosyllabe, octo : 228.

9 12 Autres mètres : décasyllabe, déca (50) ; heptasyllabe, 7s (44) ; monosyllabe, mono (38) ; taratantara, tara (23) ; vers de 14 syllabes, 14s (18) ; 9s (15) ; hendécasyllabes, 11s (14) ; 6s (11) ; 2s (11) ; 5s (8) ; 3s (8) ; 13s (5) ; 4s (4) ; deux unicums : 15s ;16s

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par Jacques Roubaud