DUCHAMP [ce titre se trouve dans le manuscrit]
Je suis marginal, même, par rapport à Duchamp, mais je crois – c’est peut-être une illusion – l’avoir compris. Je crois que nous étions en résonance dans le fait que nous étions marginaux par rapport à n’importe quoi, même à ce à quoi on voulait nous coller. Il y a un côté en lui avec lequel je me sens une certaine ressemblance, une certaine fraternité, c’est ce que j’appelle quelquefois mon côté Philinte – mais je ne suis pas si Philinte que cela, ce n’est pas tout à fait ça. Je ne suis pas Alceste, mais c’est un côté Sancho Pança. Je ne prends pas les positions excessives que vous prenez – J.B.– sur certains points où je suis d’accord avec vous. Finalement, Duchamp a laissé dire de lui des tas de choses par des tas de gens qui avaient envie de les dire. Il ne s’y est pas beaucoup opposé. Je crois qu’il s’en fichait un petit peu, ce qui n’est pas tout à fait mon cas. Je suis peut-être moins indifférent que lui. Ce que j’ai apprécié de commun entre nous, c’est une grande distanciation par rapport à soi-même et même à ses passions. C’est le secret du disparate : chercher la folie et la distance vis-à-vis de sa folie. C’est l’idéal – je ne dis pas que je l’ai atteint.
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