J’accepte aussi le masochisme, je m’en voudrais de refuser aux gens la possibilité d’être heureux de cette manière-là. La chose, par contre, que je n’admets pas, c’est le sadisme. Pour moi, il n’y a pas de symétrie entre masochisme et sadisme.
Lorsque Sade propose, pour atteindre le maximum de jouissance, de faire l’amour avec un dindon en lui tordant le cou en même temps, je trouve ça odieux et je suis prêt à me porter au secours du dindon. Je n’accepte pas ces choses-là. Mon action dans la Résistance est de même nature.
Autrement dit, je n’admets pas le viol, ni le vrai viol, ni le viol psychologique. Je suis formel, je suis prêt, tel un chevalier de la Table Ronde, à me porter au secours de gens à qui on fait mal, mais pour le reste, je ne vois vraiment aucun interdit.
Maintenant, dans tout cela, il y a la qualité. J’accepte l’érotisme et la pornographie, comme la peinture et la musique, mais il y a la bonne et la mauvaise. Je ne suis pas allé voir un film porno depuis la mode parce que je marche trop mal, j’en ai vu un peu avant la guerre. Je ne peux pas le comparer au cinéma porno actuel, il était réservé à peu de gens, mais je n’en ai pas gardé une grande impression.
J’ai pourtant l’impression que le cinéma porno actuel – qui est d’ailleurs en train de décliner petit à petit – n’est pas drôle et que j’aurais sans doute aimé en voir un exemple au titre sociologique mais pas au titre pornographique – qui est le titre intéressant dans ce cas. La sociologie du mauvais goût est quelque chose d’intéressant. Si je donne l’impression de condamner le cinéma porno, c’est un cinéma porno de mauvaise qualité que je condamne et non le cinéma pornographique. Je ne l’ai pas vu moi-même, c’est vrai, mais je m’en fais une idée par les réactions de quelques amis de goût aux idées desquels j’adhère volontiers. Peut-être y a-t-il des œuvres valables, mais je ne crois pas qu’on en offre sur les boulevards.
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