Vous qui prêtez l’oreille à cette plainte amère — 1887 (2)

J. Casalis et E. de Ginoux (trad.)Cinquante sonnets de Pétrarque

Vous qui prêtez l’oreille à cette plainte amère
De mes vers, long soupir à l’écho confié,
Dont j’ai nourri mon coeur trop plein de sa chimère,
Quand il ne s’était pas encor purifié.

Pour mes chants de triomphe et mes cris de misère,
Comme pour mon orgueil déjà tant expié,
Parmi vous tous qu’Amour a fait souffrir, j’espère,
A défaut de pardon, trouver quelque pitié.

Je vois trop maintenant que de la multitude
Je fus longtemps la fable; aussi bien, dans mon coeur,
Je rougis de moi-même et de ma servitude.

J’ai recueilli pour fruit de ma crédule ardeur
Le repentir, la honte, enfin la certitude
Que la faveur du monde est un songe trompeur.

Q8 – T20 – tr  (Pétrarque, rvf 1)

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