Le ciel est blanc, la terre est blanche, et lentement, — 1889 (17)

Louis Marsolleau in  Le Parnasse Breton contemporain

Sonnet en blanc

Le ciel est blanc, la terre est blanche, et lentement,
Sans trêve, en flocons blancs, la neige tombe, tombe
Dans le grand cimetière hagard, où chaque tombe
Disparait sous le morne ensevelissement.

C’est alors que, blafards, hideux, formant cortège ,
Avec un effroyable et grêle cliquetis ,
Entrechoquant leurs os pâles, grands et petits,
Les blêmes trépassés se dressent dans la neige ,

Et s’en vont vers le vide horizon sépulcral,
Détachant leurs blancheurs livides de squelettes,
Mystérieusement, sur les neiges muettes ,

Tandis que, sous l’horreur d’un demi-jour spectral,
De vagues oiseaux blancs glissent de branche en branche. . .
Et cependant le ciel est blanc, la terre est blanche.

Q63  T30

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