Mon rêve a regardé le très dolent cortège — 1900 (14)

– ? in Le Beffroi

Rédempteur

Mon rêve a regardé le très dolent cortège
Des pauvres sans espoir passer avec lenteur ;
J’ai songé, tout ce soir, que j’étais Rédempteur
Et que j’aimais d’amour la foule sacrilège.

Vers elle j’inclinais mon front libérateur
Et j’étais l’Attendu qui bénit et protège ;
La douleur se prenait au divin sortilège
Et tous venaient, venaient à moi consolateur :

Les délaissés, les gueux, les déçus de la vie,
Les pélerins lassés de la route suivie.

Et traînant après moi cet exode sanglant,
Je gravissais, chargé de la croix, mon calvaire ;
Des baumes s’écoulaient de la plaie à mon flanc.

Puis je mourais sur la plus haute des collines,
J’étais Christ ; et mes bras immensément ouverts
Attiraient vers mon cœur les âmes orphelines.

Q15  T24  s. long , 16v: Un distique plat est inséré entre quatrains et tercets

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