Fleur douce et cotonneuse, aux modestes rayons, — 1900 (15)

A.L. Flammes et cendres

Edelweiss

Fleur douce et cotonneuse, aux modestes rayons,
Tu souris à celui qui t’arracha tremblante
Aux sommets escarpés des arides vallons ;
Rien ne croît près de toi sur la roche glissante.

Etoile des hauteurs ! l’insecte en ses grands bonds
A peine t’aperçoit ; c’est la vie expirante
En son dernier effort qui brode tes flocons
Et c’est l’épais duvet de ta tige insistante.

Celui qui te découvre en ton lit écarté
Devrait t’y respecter : car ta beauté fragile
A besoin de la nue et du sol infertile.

Il ne te connait pas qui n’a vu qu’à la ville
La fleur qui sous ton nom, hochet de vanité
S’étalait au chapeau d’un touriste imbécile.

Q8  T32

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