Aux invisibles bords du ru de la Gabelle, — 1901 (11)

José -Maria de Hérédia Oeuvres: reliquat; vers de circonstance

Sonnet libertin

Aux invisibles bords du ru de la Gabelle,
Dont le chemin de fer a détourné le cours,
Avec ma chère, avec ma douce, avec ma belle,
Nous allions, en tenant de suaves discours.

Soudain elle s’élance. Alors moi: – Pourquoi cours
– Tu? Tu vas trop vite; qu’as tu donc Isabelle?
Il faut garder aux champs la démarche des cours!
Je crus qu’elle volait pour cueillir des ombelles.

Tout à coup, ô stupeur! elle va s’accroupir
Au talus gazonné du petit précipice.
Que fais-tu? m’écriai-je. Elle me dit: Je pisse.

Le vent gonflait sa jupe avec un lent soupir
Et je vis, écumant à la rive rebelle
Sourdre une autre Naïade au ru de la Gabelle.

Q11 – T30 – y=x (e=b) – Un Hérédia peu connu, « libertin » par le traitement non classique de l’alexandrin et la disposition des rimes bien éloignée de celle des Trophées

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