Médite, l’œil fixé sur ce centre, la mort, — 1950 (1)

Georges JuéryJeux de mots en enfer

Inscriptions gnomiques

Médite, l’œil fixé sur ce centre, la mort,
Attente de la vie et de quoi? de la mort.
Tu seras libéré quelque jour par la mort,
Mais tu voudrais te sentir libre avant la mort.

Devenir libre enfin, mais non grâce à la mort
Surmonte tout désir: c’est prévenir la mort,
C’est alléger la vie en couronnant la mort.
Suicidé vivant, sache vivre ta mort.

Soupir de délivrance à finir cette vie
Et regret déchirant d’être privé de vie,
Qu’on tienne à tant de maux à cause de la vie!

Ce clin d’œil qui se veut éternel, c’est la vie.
Quelle folle se croit raison de tout? la vie.
O fille du chaos, son héritière, ô vie!

aaaa aaaa bbb bbb a: mot-rime ‘mort’ – b:mot-rime ‘vie’ Résurgence imprévue d’une vieille variante du sonnet pétrarquiste, où les mots-rimes alternants sont vita et morte.

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