94. Les livres que je n’ai pas écrits, fatrasie

LES LIVRES QUE JE N’AI PAS ECRITS

[ce titre est dans le tapuscrit]

J’avais projeté de faire une anthologie de la fatrasie et du non-sense, quelque chose qui serait à cheval sur les deux. Avant de connaître Dada, j’admirais beaucoup les fatrasies; ensuite, je me suis intéressé au non-sense. Je n’ai jamais fait cette anthologie, et je ne la ferai plus.

Mais, j’ai fait de temps en temps quelques poèmes et j’ai fait quelques fatrasies dans le but suivant (ça rejoint votre notion du triangle vraiment quelconque (J.M.)) : faire des poèmes vraiment écartelés, plus écartelés que les fatrasies, non-sense, etc. ayant pour but de rapprocher les mots les plus écartés possible les uns des autres, mais de manière à ce que l’ensemble soit encore vivant. Comme dans le grand écart. Celui qui fait le grand écart est encore vivant. J’ai cherché à faire ce genre de poèmes et je regrette un peu d’en avoir perdu quelques-uns parce que je ne crois pas qu’on en ait fait dont les mots soient aussi complètement écartés les uns des autres – avec, j’espère, une certaine qualité poétique.

Je me souviens d’un seul vers, un alexandrin : “Bouddha versait du cidre au flibustier sphérique”.

Dans mon anthologie de la fatrasie, je mettrais quelques passages qui ne sont pas connus des amateurs de fatrasies, notamment un passage de Frédéric Soulié que je retrouve dans le roman populaire. Ce n’est pas très connu. Confessions générales. C’est un roman à tiroirs, c’est-à-dire à parenthèses.

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