Le soleil bas, à flots bouleversés, déferle; — 1919 (3)

Jules SuperviellePoèmes

Coucher de soleil basque

Le soleil bas, à flots bouleversés, déferle;
Et le ciel épuisé par sa pourpre et ses fleurs
Passe insensiblement du rubis à la perle;
Un grave repentir pénètre les couleurs.

L’azur devient lilas et l’écarlate rose;
Et les meules de foin qui gaspillaient leur sort
Semblent se recueillir. Le chemin se repose
D’avoir été si blanc comme d’un grand effort.

Un fleuve de blé mûr coule entre les collines,
Il n’est plus, maintenant, mille fois hérissé,
Et roule du velours en transparence fines.
Son éclat en pâleurs légères a passé.

C’est l’heure où, chaque jour, dans une étreinte pure,
La Montagne et le Ciel mêlent leurs chevelures.

shmall

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