Archives de catégorie : Q07 – abab aabb

Gauvain cherchait Myrdhin et cornait dans la nuit. — 1899 (12)

Guillaume Apollinaire Triptyque de l’homme

La maison de cristal

Gauvain cherchait Myrdhin et cornait dans la nuit.
Des ombres vagues erraient dans Brocéliande.
Le preux s’apeurait: « Est-ce sabbat? Rien ne luit.
Myrhdin connaît ma voix, Dieu fasse qu’il l’entende. »

Le cor pleurait et l’écho répétait … Un bruit,
Un cri tout à coup; lors Gauvain songea:  » Minuit,
Est-ce Lilith qui clame? Faut-il que j’attende
Le jour pour chercher l’Enchanteur? Hélas, si grande

Est la forêt que la voix de mon corps s’y perd!
Cornons plus fort. Peut-être pourra-t-il  m’entendre
… La nuit, les bois sont noirs et se meurt l’espoir vert

Avec le jour…  » – Un cri:  » J’aime ta tristor tendre,
Vivian!  » –  » C’est lui! « , dit Gauvain qui vit
Sous cloche de cristal par la Fée asservi

Myrhdin qui souriait irréel et ravi.

Q7 – T23 + e – 15v

De joie et de regrets la vie est un mélange. – — 1882 (16)

Alexandre Piedagnel Hier

Le cœur volé

De joie et de regrets la vie est un  mélange. –
Je suis triste à mourir, depuis samedi soir ;
Mais, selon le proverbe, en ce monde tout change …
Dans notre âme, une porte est ouverte à l’espoir !

Je vous dois un sonnet sur la manière étrange
Dont le malheur advient. – Ma muse se dérange;
Maussade et nonchalante, elle arrive en peignoir,
Les yeux clos à demi … je vais la faire asseoir.

On lui pardonnera son goût pour l’épigramme,
En narrant l’aventure ; – il est certain, Madame,
Qu’hélas ! à fort bon droit, je vous en veux beaucoup.

Ai-je tort ? Jugez-en …Que pourrai-je vous dire ?
Cela serait trop long ; – puis je vous verrai rire…
Et voici mon sonnet qui finit tout à coup.

Q7  T15  s sur s

C’est toi, mon doux trésor, c’est toi, ma bien-aimée, — 1875 (11)

Ernest Périgaud Exaltations

Toi

C’est toi, mon doux trésor, c’est toi, ma bien-aimée,
Plus fraîche qu’un matin, plus belle qu’un beau jour,
Toi le ravissement de mon âme charmée,
Toi mon souci constant et mon plus cher espoir.

Ta taille est svaelte à rendre envieuse une almée,
Ta joue est une fleur, ta lèvre parfumée
Semble un vivant corail, et ton œil, pur miroir,
Brille comme un éclair de feu dans le ciel noir.

Loin de toi c’est la nuit sombre, l’âme oppressée,
Le doute affreux, l’angoisse et la morne pensée ;
C’est le foyer en deuil où plane la douleur.

Tu parais, ô splendeur ! tu souris, ô merveille !
En mon cœur réjoui tout chante et tout s’éveille.
Voici le jour, voici la joie et le bonheur !

Q7  T15