Archives de catégorie : Q61 – abba a’a’b’b’

Chacune de tes fleurs renferme dix baisers — 1887 (14)

Julles Nollée in Revue de Paris et de Saint-Petersbourg

A Mademoiselle ***, pour accuser réception d’une boite contenant des fleurs odorantes

Chacune de tes fleurs renferme dix baisers
Qui me sont destinés, dis-tu. Total : soixante !
Cette somme serait pour tout autre importante
Et le mettrait au rang des amoureux aisés.

Hélas ! de moi le ciel fit un enfant prodigue.
Je vis comme un torrent que nulle main n’endigue.
Pauvre dissipateur, je me trouve aux abois,
Car mes lèvres ont pris le tout en une fois.

Cigale au front léger, je viens crier famine !
Comment à mon destin faire meilleure mine ?
Iras-tu m’envoyer au bal ?

Montre que la fourmi parfois est secourable,
Et, voulant à tout prix faire mentir la fable,
Renouvelle mon capital.

Q61  T15   2m : v 11 & 14 : octo

Un jour, je rencontrai dans une brasserie, — 1863 (5)

Antonio Zingaro Sonnets et autres rimes

Les chanteurs du Tyrol

Un jour, je rencontrai dans une brasserie,
Mélancoliquement attablés et mangeant
Un raifort qu’ils piquaient dans un peu de sel blanc,
Deux pâtres du Tyrol ; plus en leur compagnie

Une très belle fille en corset de velour,
Chapeau de feutre noir et galon d’or autour.
Ils avaient fort grand air, et plus d’une Duchesse,
Aurait de cette fille envié la noblesse.

J’approchai d’eux mon verre et je bus, en causant :
Ils étaient de Carlssteg et s’en allaient, chantant.
Quand je leur demandai s’ils étaient sœur et frère,

Tous trois, d’une même cœur, entrechoquant leur verre,
Et partageant en trois un gâteau de maïs,
Me dirent seulement : nous sommes du pays.

Q61  T13