Archives de catégorie : sh52

Je suis tel riche auquel sa clé bénie — 1995 (9)

Daniel & Geneviève Bournet Sonnets de Shakespeare

Sonnet 52

Je suis tel riche auquel sa clé bénie
Ouvre son doux trésor cadenassé,
Qu’à tout moment il ne faut qu’il épie
Pour émousser l’aigu de volupté.

Fêtes sont donc solennelles et rares,
Disséminées en la longueur de l’an,
Comme pierres de prix maigrement parent,
Ou les maîtres joyaux dans leur carcan.

Le temps vous serre ainsi comme ma caisse,
Ou garde-robe où robe est au secret,
Pour faire instant spécial spéciale liesse,

Déployant neuf son orgueil prisonnier.
Bienheureux vous, dont dignité dispense,
Présent, triomphe, ou, absent, espérance.

Q60  T23 – disp quarto sh52  – déca

Je suis ce fortuné qu’une clé bienheureuse — 1992 (2)

Jean Malaplate Shakespeare sonnets


52

Je suis ce fortuné qu’une clé bienheureuse
Introduit au trésor caché de son désir,
Mais qui retient longtemps son humeur curieuse
Pour n’émousser la pointe à son rare désir.

Les fêtes sont ainsi rares et solennelles
N’étant que peu de jours sur la chaîne de l’an
Comme pierres de prix qu’on ne va prodiguant,
Ou dessus le collier les perles les plus belles.

Le temps qui vous enferme est aussi mon coffret,
Ou bien le cabinet où la robe demeure,
Afin de rehausser le faste de cette heure

Qui verra son éclat, longtemps tenu secret.
Oh! béni soyez-vous, dont le mérite immense,
Présent donne triomphe, absent donne espérance.

Q60 – T30 – disp: 4+4+4+2 – tr

Je suis comme le riche dont la précieuse clé — 1985 (2)

Frédéric Langer Shakesperare sonnets

52

Je suis comme le riche dont la précieuse clé
conduit au cher trésor bien caché,
trésor qu’il se retient de sans cesse contempler
pour ne pas émousser la fine pointe du plaisir.
C’est pourquoi les fêtes sont solennelles et rares:
lentes à revenir tout au long de l’année,
comme des pierres de valeur elles sont clairsemées,
ou comme les gros diamants dans le collier précieux.
Le Temps qui te cache à ma vue est comme ma cassette,
comme la garde-robe qui tient serré l’habit
pour donner plus d’éclat à l’instant éclatant
où se dévoile l’objet secret de sa fierté.
Béni sois-tu dont les faveurs donnent lieu
si on les a, au triomphe, si on est privé, à l’espoir.

vL – sns – tr  disposition shakespearienne

Ainsi suis-je le riche qu’une sainte clé — 1969 (6)

Jean Rousselot ShakespeareSonnets trad.

52

Ainsi suis-je le riche qu’une sainte clé
Peut conduire à son doux trésor bien enfermé,
Lequel il ne va pas regarder à toute heure
De craindre d’émousser l’aigu de son bonheur.

Si les fêtes sont solennelles et prisées,
C’est qu’au long cours de l’an rarement elles viennent;
Comme pierres de prix, elles sont espacées,
Ou bien, dans un collier, les joyaux capitaines.

Ainsi le temps où êtes clos dans ma cassette,
Comme en la garde-robe une robe est cachée,
Fait, d’un instant à part, particulière fête,

En libérant cette splendeur emprisonnée.
Soyez béni, vous si parfait que vous donnez:
Présent, à triompher; absent, à espérer.

Q56 – T23 – disp: 4+4+4+2 – tr

Je suis ce riche, ainsi, que son heureuse clef — 1961 (3)

Henri Thomas Shakespearesonnets

52

Je suis ce riche, ainsi, que son heureuse clef
Mène, s’il veut, à son doux trésor bien gardé,
Lequel il n’ira pas visiter à toute heure
Car trop fréquente joie perd son exquise pointe.

Si les festins sont si rares et solennels
C’est que, lents à venir durant la longue année,
Ils y sont clairsemés comme pierres précieuses,
Ou comme sont les grands joyaux dans le collier.

Ainsi le temps est la cassette qui te garde,
Ou l’armoire qui tient caché le vêtement,
Pour enchanter plus tard l’instant privilégié

Où se redéploiera sa splendeur prisonnière.
Sois loué, toi qui tant excelles que c’est gloire,
Ta présence, et ne pas t’avoir est espérance.

bl – disp: 4+4+4+2 – tr

Je suis comme le riche à qui sa clef bénie — 1959 (7)

Jean Fuzier Shakespearesonnets


52

Je suis comme le riche à qui sa clef bénie
De son trésor bien clos ouvre le doux accès:
L’heur de le voir sans cesse à ses yeux il dénie,
Pour n’émousser le dard d’un plaisir ménagé.
Ainsi, solennités sont d’autant mieux fêtées
Qu’au long cours de l’année on les voit rarement;
Comme pierres de prix elles sont clairsemées,
Ou comme en un collier les plus gros diamants.
Et le Temps qui te garde est le coffre, ou l’armoire,
Recelant le manteau, et qui doit rehausser
De quelque occasion glorieuse la gloire
En déployant à neuf sa captive fierté:
Etre béni, ton prix me donne à suffisance
Quand je t’ai, le triomphe, et sans toi, l’espérance.

ababcdcdefefgg=sh – tr  – formule de rimes et disposition shakespearienne

Ainsi je suis le riche, dont la bien-heureuse clé — 1955 (4)

Pierre-Jean Jouve Shakesperaresonnets


52

Ainsi je suis le riche, dont la bien-heureuse clé peut le faire venir au doux trésor fermé, lequel il ne regardera pas à toute heure en sorte d’émousser la fine pointe du plaire.
Ce qui rend solennelles surprenantes les fêtes, est que venant rarement dans la longue chaîne de l’an, comme des pierres de valeur elles sont placées avarement, ou les joyaux capitaines de la parure.
Ainsi le temps qui vous conserve en ma cassette, ou comme garde-robe qui dérobe la robe, pour rendre quelque instant spécial spécialement précieux par nouveau déploiement d’une gloire secrète.
Bénédiction sur vous, dont les vertus sont si puissantes, qu’étant présent c’est le triomphe, étant absent l’espérance.

pr – sh52 « so am I as the rich whose blessed key »

Je suis comme ce riche qu’une clé bénie — 1948 (2)

Shakespearesonnets trad Pierre Messiaen

52

Je suis comme ce riche qu’une clé bénie peut mettre en présence du cher trésor caché qu’il ne veut pas contempler à toute heure de peur d’émousser la fine pointe du rare plaisir.

De même les grandes fêtes sont d’autant plus solennelles et précieuses que, revenant rarement, serties dans la longue année, elles sont espacées comme des pierres de valeur ou comme les bijoux à effet sur un collier

Ainsi le temps qui te garde est comme ma cassette ou comme la garde-robe où est serrée la robe qui honore de son éclat certain jour d’honneur en déployant de nouveau sa splendeur emprisonnée.

Béni sois tu, toi dont la valeur donne joie triomphante à qui la possède et espérance à qui ne la possède pas.

pr – tr

Je suis ce riche à qui le rite d’une clé — 1945 (2)

Shakespearesonnets trad André Prudhommeaux

52

Je suis ce riche à qui le rite d’une clé
Peut ouvrir un trésor plus cher que ses yeux mêmes:
Il se cache souvent l’éclat des diadèmes
Gardant aigu l’acier d’un plaisir constellé.
Ainsi le prix de toute joie est redoublé
Par son retour plus rare et par de longs carêmes,
Ainsi dans un écrin les joailliers parsèment
Plus distants les joyaux, feu soudain dévoilé.
Or le temps qui te garde est la châsse parfaite,
C’est l’armoire où repose une robe de fête
Aux seuls jours de l’honneur déployant ses plis fins.
Béni sois-tu trésor secret de l’alternance
Qui donne le triomphe aux instants les plus clairs,
Et répands sur la perte encore une espérance!

Q15 – T14 – banv – sns – tr (sh52)

Je suis comme le riche, à qui sa clef suffit — 1943 (3)

Fernand Baldensperger, trad. Les sonnets de Shakespeare, traduits en vers français ..

52

Je suis comme le riche, à qui sa clef suffit
Pour jouir des trésors d’un cher coffre d’avare:
Il ne veut pas les voir à tout coup, jour et nuit,
De peur que ne s’émousse une volupté rare.

Les fêtes sont aussi des raretés qu’on mit
De place en place dans un Almanach bizarre
Comme pierres de choix en montures de prix,
Ou joyaux isolés dont un collier se pare.

Le Temps est le coffret qui vous tient enfermé,
L’armoire où sagement se peut céler la robe,
Pour qu’au moment voulu l’éclat qui se dérobe
Puisse avoir l’imprévu de l’inaccoutumé.

Béni soyez, Valeur qui m’offrez double chance,
Etre vôtre – un triomphe; attendre – l’espérance!

Q8 – T30 – disp: 4+4+4+2 -tr