Archives de catégorie : 4+3+4+3

Le noir effondrement des ténèbres premières 1879 (21)

Charles Cros L’évocation des endormis

La chute

Le noir effondrement des ténèbres premières
S’accomplit. Et Satan, amoureux des lumières
Du punch, du vice impur et de l’orgie en rut,
Tomba du haut du ciel comme tombe un roc brut.

Il tomba si longtemps que les âges immenses
Sonnèrent tour à tour aux cloches des démences
Que Dieu mit çà et là dans l’espace sans bord.
Et plus bas que la vie, et plus bas que la mort,

Plus bas que le néant l’inaccessible cible,
Et plus bas que l’absurde et que l’inadmissible
Il tomba, ricanant de n’aller pas plus bas.

Il disait : C’est la fin des glorieux combats :
Il faut être vainqueur ou vaincu, mais bien l’être ;
L’esprit veut me tuer ? je vivrai par la lettre !

cas limite : on a quatorze vers plats, répartis, dans la page en 4+3+4+3 .

Mère …. il est un enfant à la pensée austère — 1843 (20)

– Marie-Laure Grouard Les églantines

A la ville de Paris

Mère …. il est un enfant à la pensée austère
Qui naquit dans tes murs, quitta le sol natal,
Et, cachant son chagrin dans son cœur virginal,
S’en fut grandir au loin, sur quelque coin de terre.

On devinait en elle un douloureux mystère,
Mais nul ne put savoir le secret de son mal.
Alors, sans plus fouiller dans son passé fatal
Le monde lui donna pour nom : la solitaire.
Car jamais un ami n’accompagnait ses pas…
Le front baissé, toujours on la voyait, hélas !
Seulle dans le vallon, seule dans la campagne,

Pourtant, si quelque jour elle venait vers toi,
Ne la repousse point, car cet enfant, c’est moi,
Mère … et, pour toi, bientôt je fuirai la montagne.

Q15  T15  disp 4+3+4+3 (mais la succession des rimes est habituelle)