Archives de catégorie : acr

Je tresse une couronne aux Slovènes, pour toi, — 1996 (8)

Vladimir Pogocnik (trad) La Couronne de sonnets de Francé Preseren (1836) (Jean-Claude Polet :  Le patrimoine littéraire européen, vol 11a)


MAGISTRAL

Je tresse une couronne aux Slovènes, pour toi,
Un souvenir mêlant ta gloire avec ma peine,
Le coeur les a éclos, sonnets qui fleurs deviennent,
Inflétrissables fleurs d’un poétique émoi.

A distance des lieux où le soleil flamboie,
Privées elles restaient de vive et frêle haleine,
Recluses dans les tours des rocheuses moraines,
Impassibles foyers où l’orage foudroie.

Mes larmes, mes soupirs étaient leur nourriture ;
Ils donnaient peu de force aux poésies en pleurs,
Captives opprimées d’une saison obscure.

Or vois, dans ces bourgeons, est venue la pâleur ;
Veuillent tes yeux verser leurs rrayons doux et purs,
Alors, combien plus gaies viendront les jeunes fleurs.

Q15  T20 – tr

Même quand le silence aura bu mon passage — 1988 (6)

Michel Vaillant in Dictionnaire de poétique et rhétorique (4ème ed.)


Couronne de sonnet : sonnet maître

Même quand le silence aura bu mon passage
Immolé sur la borne obscure du chemin,
Ce nom qui, sans écho, n’aurait plus rien d’humain,
Houle incertaine qui s’éloigne du rivage

Et que remportent les ténèbres sans partage,
Laisse qu’il chante encore au creux chaud de ta main,
Vaine, vaine rumeur de croire que Demain
A la conque fragile a livré son message.

Innombrable mensonge, un jour et puis un jour !
La terre s’épaissit et s’engraisse d’amour,
Le monde s’engloutit d’entasser la lumière.

Amer laurier l’espoir de penser que mes cris
Nocturnes retournés au repos de la pierre,
T’aideront à descendre au silence où je suis.

Q15  – T14  – banv – acrostiche

T 0i, Vierge de Feu, Image du Savoir, — 1985 (9)

Athanase Vantchev de Thracy Toi, vierge de feu, couronne de sonnets

9
SONNET MAGISTRAL

T  01, Vierge de Feu, Image du Savoir,
O  eil pur de la Clarté que la Clarté ignore,
I  nstance suprême du Sang et Suressence du Sort,
V  isage de l’Apparence, Figure du Pouvoir,

I  nsigne du Ravissement et Corps de l’Etoile,
E  xulte, Extrême Joie, Planète de la Tendresse,
R  eposoir du Jour, S  ubstance de la Sagesse,
G  emme, Orfroi, Saphir de l’Ordre Nuptial,

E  loge de l’Ecriture, Sauvegarde de Firmament,
D  egré total de l’Ame et Grâce ultime du Cœur
E  nseigne de la Survie, Principe céleste du Temps

F  lambeau de l’Union, Acte, Règle, Flamme, Demeure,
E  xalte l’Effusion des Saintes Intelligences,
U  ne, Infinie, Urgente Loi de l’Adhérence !

acr  Q60  T20 m.irr

MAURICE BOUCHOR ET RAOUL PONCHON 1923 (11)

Jean Richepin Interludes

Sonnet acrostiche et mésostiche

MAURICE BOUCHOR ET RAOUL PONCHON
Avec vous j’ai fait Toutes mes retraites.
Un même plaisir Rassemblant nos crêtes,
Rougissait nos nez Au même cruchon.

Ivrognes sacrés, Oints du dieu Bouchon,
Celébrons sa messe, Usons ses burettes,
Et versons en nous les rouges aigrettes,
Bouchor, mon trésor, Ponchon, mon bichon !

On fait bien de rire ! On pleurera vite.
Un jour de bonheur N’est qu’un jour sans suite.
Celui-ci fut beau, Chers amis, tant mieux !

Hélas ! Quel cruel Hourvari nous presse !
On avait vingt ans ! … On s’éveille vieux ! …
Rien ! Plus rien ! Du vent !, Notre jeune ivresse !

Q15  T14 – banv –  tara  acrostiche

Saper les fondements de la propriété, — 1911 (7)

Jules Durand Poésies

Le renversement

Saper les fondements de la propriété,
Epouvanter le monde avec plaisir de fauve,
Tuer, blesser, détruire en lâches qui se sauve,
Sans crier ‘gare à vous’ c’est crime en vérité.

Ils fabriquent l’enfin de leur atrocité,
Hantés de visions au fond de leur alcôve,
Car voir l’habit cousu, la robe azur et mauve,
Ronge leur cœur jaloux qu’aigrit l’adversité.

Au chemin criminel, quand l’âme est déjà morte,
Ne s’arrête qui veut, parfois le mal l’emporte.
Ah ! maudit soit l’auteur d’un tel égarement.

Si la matière est tout, l’homme à l’homme s’oppose
Et lui lance sa bombe à vrai renversement :
La loi divine donc à tout vivant s’impose.

Q15  T14 – banv –  acrostiche palindromique

Au chant de ton Pater, aux accords de ta lyre — 1857 (25)

P.Bion (vicaire) in La Muse des familles

Au chant de ton Pater, aux accords de ta lyre

Soudain, l’âme s’émeut, le cœur devient meilleur …
Ouvrier de ce soir … mais, pourquoi te le dire ?
Pour chanter de beaux vers, je me fais rimailleur.
Heureuse es-tu, ma Sœur ! quand ta muse féconde,
Imitant de David les chants si gracieux,
Entonne l’oraison du résempteur du monde ;

Bienheureuse ici-bas, mais plus heureuse aux cieux !
Au Pater du Sauveur ajoute une prière :
Loin, bien loin, ô ma sœur ! fais entendre tes chants,
Le nom du père est doux, mais, bonne aussi la Mère !
Interroge plutôt cette Vierge chérie,
Asile des cœurs purs, refuge des méchants.
Tu le veux, n’est-il pas ? … oh ! chante encor Marie.

Q59  T24  acr.  disp 1+6+7

Hâtes-toi de parler, ô ma lyre d’ivoire ! — 1835 (10)

J-B Claray de Crest-Volland Sonnet à son Altesse Royale Monseigneur le Duc de Bordeaux

Hâtes-toi de parler, ô ma lyre d’ivoire !
Entonne un chant sublime au pur sang de Berri ;
Nations, mes accords, précurseurs de l’histoire,
Révèlent à vos yeux les destins de Henri.
Jeune, il saura des arts éterniser la gloire,
Formé dans la vertu par un autre Henri.
Et, si l’honneur le guide aux champs de la victoire,
Rappeler les héros de Bouvine et d’Ivri.
De la religion dont le zèle l’enflamme,
Il fera près des lis arborer l’oriflamme.
Nemours, Colbert, Rousseau* renaîtront sous ses lois.
Au temple de mémoire, en traits ineffaçables,
Neuf soeurs, vous graverez ces mots impérissables :
DIEU-DONNÉ FUT L’AMOUR DE L’EMPIRE GAULOIS.

* Jean-Baptiste

Q8 T15  acr.  sns  disp droite

Crest-Volland prend bien soin de signaler en note que son ‘Rousseau’ n’est pas l’horrible ‘Jean-Jacques’ !

La mort de mon père est mon plus grand malheur — 1823 (2)

J.B. Gougé Le rossignol ; nouvelles chansons et poésies diverses (ed.1826)

Sonnet-acrostiche, en Bouts Rimés, formant un sens

La mort de mon père est mon plus grand malheur
Grand Dieu ! combien mon âme à cet arrêt suprême
Ose blâmer la Parque en voyant ma douleur
Ulcérer mon sujet de ma tristesse extrême.

Guide encore mes pas au chemin de l’honneur
Ecoute ma prière, accepte un diadème
Au printemps je viendrai t’apporter quelque fleur
Souvent avec amour je prîrai pour toi- même

O toi ! Soleil brûlant, adoré du païen
Ne souffre pas qu‘on souille un sépulcre chrétien
Protège les cyprès qui croissent près sa tombe

Entrailles de la terre, humains, nature, tout
Respectez sa dépouille : il faut que je succombe
En attendant la mort, je te pleure partout

«  gravé sur la tombe de mon Père à Chevilly (Loiret) en 1823 ». Le vers 1 n’ que 11 syllabes.

Q8  T14 acr b.rimé

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Le Trésor poétique dédié à Madame la Duchesse de Berri, contient plusieurs sonnets (du dix-septième siècle surtout)

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