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La pâleur des gestes sous la lune — 1946 (3)

Jean CayrolPoèmes de la nuit et du brouillard

Demeure de l’ancien temps

La pâleur des gestes sous la lune
la soie d’un visage ancien qui se dévoue
la blanche demeure des sentiments à genoux
une bouffée d’étoiles qui meurt sous la dune

la nuit à la démarche lente des pleurs les appétits
calmés sans l’avoir connu le goût du pain
l’eau repos de l’insecte tout petit
qui remonte le long des tiges sous la main

l’offrande d’un regard où brille un dieu muet
te souviens-tu je l’ai aimé depuis longtemps
le vieux code de la misère

la vie la vie qui plaît
qui se brise soudain comme un verre
et répandu sur la mort le vin de l’Ancien Temps.

Q62 – T37 – m.irr

Et, tandis qu’alternaient dans leur retour subtil — 1896 (5)

Auguste AngellierA l’amie perdue


Rêveries, VII

Et, tandis qu’alternaient dans leur retour subtil
La chanson de la flute et cet appel d’amour,
Elle dit à voix haute: « O Vénus, m’aime-t-il,
Le poète qui vit près de la vieille tour?

Pour me donner à lui je veux qu’il me désire,
Je connais sa tristesse, et je veux qu’il l’oublie
Dans l’ardente fureur de l’amour que j’inspire,
Et mes baisers versés sur sa tête pâlie. »

Elle ouvrit ses bras blancs, frémissante d’émoi,
Et ses bras en s’ouvrant ouvrirent sa tunique
Et son corps radieux  aux invincibles charmes

Resplendit tout entier. Je vis entre elle et moi
Luire tes pauvres yeux tout fatigués de larmes,
Et je m’éloignai vers le bois mélancolique.

Q59 – T37