– Adam Mickiewicz Sonnets de Crimée
I – les steppes d’Ackermann
Me voilà lancé sur l’étendue d’un océan aride ; mon char plonge dans la verdure et la fend comme une barque : au milieu des vagues de la prairie bruissante au milieu de cette inondation de fleurs, je respecte les buissons de Burzan, dont l’éclat est celui du corail.
Le crépuscule tombe ; nulle part, ni chemin, ni colline ; je regarde le ciel, j’y cherche des étoiles, guides de ma barque. Là, au loin, semble briller une nue ; là, s’élève une aurore ; c’est le Dniester qui brille ; c’est le fanal d’Ackermann qui s’élève.
Arrêtons-nous : quel silence ? j’entends le vol des grues que l’œil du faucon n’atteindrait pas ; je sais où le papillon se balance sur l’herbe.
Je sais où le serpent glisse à travers les feuilles et déroule ses lisses anneaux ; dans un tel silence, je tiens mon oreille si attentive que j’entendrais une voix du fond de la Littuanie : – Partons, personne n’appelle.
pr tr