Quand sous votre corps nu craque un soyeux coussin, — 1859 (1)

Mallarmé Entre quatre murs

Sonnet
A.R.

Quand sous votre corps nu craque un soyeux coussin,
Fumer dans l’ambre et l’or un tabac qu’on arrose
De parfums espagnols: voir voltiger l’essaim
Des houris à l’oeil noir, dont l’enivrante pose

Vous fait rêver au ciel; renverser sur le sein
De celle qui, rieuse, entre vos bras repose
Un verre de Xérès, et dans le frais bassin
Mouiller en folâtrant ses tresses d’eau de rose,

C’est l’Eden! – pense Hassan: et je lui fais écho!
Mais le Ciel, c’est pour moi comme à mon vieux Shakspeare
Un sonnet! – où l’esprit jouit d’être au martyre

Comme en son fin corset le sein de Camargo!
– Quoi! J’ai tant bavardé! plus qu’un vers pour te dire
Mon voeu: « Pour moi commande un sonnet à ta lyre. »

Q8 – T29

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