– Mallarmé manuscrit du « carnet de 1864 »
Le pitre châtié
Pour ses yeux, – pour nager dans ces lacs, dont les quais
Sont plantés de beaux cils qu’un matin bleu pénètre,
J’ai, Muse, – moi, ton pitre, – enjambé la fenêtre
Et fui notre baraque où fument tes quinquets.
Et d’herbes enivré, j’ai plongé comme un traître
Dans ces lacs défendus, et, quand tu m’appelais,
Baigné mes membres nus dans l’onde aux blancs galets,
Oubliant mon habit de pitre au fond d’un hêtre.
Le soleil du matin séchait mon corps nouveau
Et je sentais fraîchir loin de ta tyrannie
La neige des glaciers dans ma chair assainie,
Ne sachant pas, hélas! quand s’en allait sur l’eau
Le suif de mes cheveux et le fard de ma peau,
Muse, que cette crasse était tout le génie!
Q16 – T27 Dans cette version première, disposition abba baab cdd ccd