coll. sonnets et eaux-fortes
– Ernest d’Hervilly
La Rookery
Les chênes ont gardé le vieil alignement;
L’avenue est immense où le vent de mer sonne,
Héraut sombre, à plein cor, et, dans l’alignement
On voit les ais disjoints d’une porte saxonne.
Aux rameaux de chaque arbre écimé, qui frissonne
Et paillette le sol de feuilles, par moment,
Se balancent les nids énormes, que façonne,
Pour cent ans, le corbeau fidèle, gravement.
La noble Rookery, sur le ciel d’un gris tendre,
Découpe encor ses nids par milliers, mais dans l’air
De gais croassements ne se font plus entendre,
Et le Lord est couché, que vous rendiez si fier,
Sous un marbre déjà rongé par la bruine,
O grands nids désertés! O portail en ruine!
Q11 – T23