Eugène Vermeersch Sonnets gastronomiques
La perdrix
Lorsque montent des bois les brouillards de rosé,
Marchant à petits pas dans les chants endormis,
La perdrix, se drapant dans la soie ardoisée
De sa robe, poursuit les vers et les fourmis.
Plongeant au loin ses yeux ronds et clairs, la rusée
Fait le plus doux espoir des succulents salmis,
Si quelqu’un vous parlait – langue malavisées ! –
De choux, oh ! qu’il ne soit jamais de vos amis !
C’est un sot ! … Fuyez la mode périgourdine
Que la truffe y soit rare et discrère – en sourdine !
Elle doit être là comme un simple éperon.
Gourmets ! servez sa chair aux pieds roses, rôtie,
Une bande de lard voilant sa modestie,
L’estomac arrosé des larmes du citron.
Q8 T15