Paul Delair Les nuits et les réveils
En retard
Je chevauche à travers la nuit; ma sueur coule.
Un vent lugubre tord les bras de la forêt;
Voici que dans le ciel ruisselant apparaît
Une tour à créneaux qui se lézarde et croule.
Les serviteurs portant des flambeaux, qu’on dirait
Tous âgés de mille ans, me reçoivent en foule;
Et sous les hauts plafonds ténébreux leur voix roule:
» N’êtes vous pas celui qu’on attend. Il est prêt. »
Sous le dais noir tressaille un grand vieillard farouche.
Sa fille est immobile et chaste dans sa couche,
Et j’ai beau la chauffer de baisers: elle dort.
» Pourquoi ne puis-je pas ressusciter mon ange,
O vieillard? » Il répond avec un rire étrange:
» Comment le pourriez-vous, puisque vous êtes mort? »
Q16 – T15