La ligue des poètes
La femme maigre
Sous sa peau jaune et sèche on voit saillir les os.
On compte sans effort les côtes, les vertèbres,
Qui dessinent en creux sa poitrine et son dos.
Pitoyables reliefs, revêtements funèbres !
Les bras sont des bâtons ; les jambes, des fuseaux.
Les appas, ignorés dans de justes ténèbres,
Plats, recroquevillés, adorent à huis clos,
Mais, hélas ! de trop loin, le feu, comme les Guèbres.
Bondissant au seul nom d’amour, de volupté,
Son cœur mendie en vain : nul n’a de charité
Pour ce vieil amadou qui quête une étincelle.
Enfin, dans la prière ardente et les romans,
Ayant trompé sa soif, aiguisé ses tourments,
Pauvre lampe sans huile, elle meurt demoiselle.
Hégésippe Cler
Q8 T15