Joseph Autran Sonnets capricieux
La vieille orthographe
Tout s’en va, mes amis: la foi, l’antique foi,
L’honnêteté première et la vieille droiture,
L’amour et le respect que l’on vouait au roi,
Le menuet, la valse et même l’écriture.
L’orthographe, jadis, valait une peinture:
Représenter aux yeux, telle en était la Loi.
Une lettre peignant l’objet d’après nature,
L’objet, ami lecteur, se dressait devant toi.
L’y dans le mot lys en doublait le prestige;
C’est la fleur elle-même et le bout de sa tige.
L’h dans le mot thrône était un vrai fauteuil.
Depuis qu’on écrit lis la fleur semble fanée;
Et le trône vacant ne dit plus rien à l’oeil,
Depuis que l’h est condamnée!
Q11 – T14 – 2m (v.14: octo ) Joseph Autran contribue à la ‘querelle de l’orthographe’, qui ne date pas d’hier.
(a.ch) Le sonnet La Vieille Orthographe pour l’exemple du lis évoque le long poème du même titre, de Méry :
« …Tandis que d’une tige et d’une fleur formé,
Le lys était pour nous un y embaumé. »
(C’est un avatar du cratylisme.)