– René de Labry Premiers et derniers poèmes
Les Danaïdes
Il est, dit-on, un puits éternellement vide,
Un puits où l’on versa, sans pouvoir le combler,
Des flots qui, nuit et jour, ne cessent de couler,
Et qui, jamais rempli, sera toujours aride.
Les Anciens le plaçaient dans l’empire des morts,
Moi, j’en sais un second plus sombre et plus aride
Que celui qui verra la triste Danaïde
Jusqu’à la fin des temps se pencher sur ses bords.
Celui-là, c’est mon coeur: morne et désespérée,
La pâle passion dans le gouffre sans fond
Epanche chaque jour son flot large et profond,
Sans étancher la soif de mon âme altérée,
Et sans qu’il reste rien dans l’abîme béant,
Que l’implacable oubli, frère aîné du néant.
Q52 – T30