Barbey d’Aurevilly Les oeuvres et les hommes, III : Le sonnet est une forme vieillie, et ce n’est rien que de veillir, – vieillesse dans les choses de l’intelligence, c’est souvent parfum, sagesse et profondeur, – mais c’est une forme bornée, et il nous est impossible d’avoir pour elle le respect qu’avait Despréaux …
Le sonnet si vanté, à cause de la difficulté vaincue, chez un peuple qui a toujours aimé à vaincre la difficulté, n’est que l’amusette des sociétés qui jouent aux petits jeux de la littérature …. Ni les grands noms de la littérature, Shakespeare, de Milton, de Corneille, de Machiavel, de Pétrarque, qui ont splendifié ce mode de poésie, si écourté et presque puéril, ne me troublent et ne m’imposent. Ils coulèrent leur pensée dans ce moule parce que ce moule était à la mode de leur temps. Mais ils l’y ont étriquée, étranglée ; c’étaient des aigles pris à la sauterole *! Tout au plus était-ce bon pour les Voiture et les Benserade, cette forme presque calligraphique de poésie.