– Paule Riversdale – Echos et reflets
Sonnet vénitien
Le soir est imprégné de nard et de santal.
Lève sur moi tes yeux stagnants de Dogaresse,
Tes yeux que l’ennui vert des lagunes oppresse,
Las d’avoir contemplé la moire du canal.
Autour de toi s’affirme un silence automnal;
Le dangereux parfum des bâtardes caresses
Ton front sans véhémence, ô fragile Maîtresse,
Dont le souffle ternit à peine le cristal.
Le roux vénitien des tes cheveux anime
La solitude où traîne un sanglot de victime.
Tragique, le couchant te prête son décor.
Tu portes le fardeau d’une antique infortune,
Quand tu fuis vers le sable où la Mer aux pieds d’or
Pleure sous le baiser stérile de la lune.
Q15 – T14 – banv