– Raymond Queneau – Courir les rues
Rue Paul-Verlaine
Je fais parfois le rêve étrange et pénétrant
d’une rue en étain blanchâtre et maternelle
l’un et l’autre trottoir palpite comme une aile
tandis que sa chaussée a tout son poids d’étant
les ruisseaux de plomb pur s’écoulent dans l’étang
qu’engloutit une bouche à béance immortelle
à chaque extrémité s’inscrit une marelle
que ne traverse point le vulgaire impétrant
Sous un ciel de titane un seul toit promeneur
lentement se déplace au-dessus des bâtisses
où grouille un animal qui ressemble à ma sœur
Calme en son sicamor incertaine et factice
cette voie a le charme amarante et boudeur
de pouvoir se plier sans perdre son odeur
Q15 – T19