– Jacques Bens – L’art de la fuite
XVII
Qui sait ce que je fuis? Qui sait ce que je traîne?
En ces villes de rien, je n’ai vu de sirène
Qu’aux marches des palais de marbre ou de granit.
Plus que l’éloignement, la solitude est chère.
On a, pour les calmer, l’opium et l’aconit,
Complices pour traquer l’hypocrite migraine,
Ou le vieux transistor, car la musique est reine
Quand le mal du pays s’apaise et sic transit .
Avec l’éloignement, la nostalgie est chère.
Revit le souvenir des aurores légères
Et des soirs étouffants qui sentent le fagot.
C’est ainsi qu’au retour des villes étrangères
Les ptits aventuriers marient des boulangères,
Dédaignant le veau gras au grand dam des bigots.