Jacques Darras William Shakespeare sur la falaise de Douvres
La poésie doit-elle être un luxe?
Me voici donc comme l’homme riche à qui sa clé bienveillante
Permettrait d’avoir accès à son trésor si délicieusement cadenassé,
Dont pourtant il se garderait bien d’ouvrir le verrou à tout heure
De crainte d’émousser par trop fréquente visite la rareté du plaisir.
C’est la raison aussi qui fait nos fêtes si solennellement espacées,
Si lentes à revenir dans le temps de l’année où on les a serties
Comme des pierres de prix exposées chacune singulièrement,
Comme d’agathes d’exception scintillant au luxe de leur écrin.
Aussi comparerai-je à mon coffre à bijoux le temps qui te préserve
Ou la précieuse armoire dans laquelle je dissimule mes habits,
Pour, spécifiquement, à son heure bien précise, unique fête!
En extraire, en déplier le joyau emprisonné au coeur de ses plis,
Toi-même, ô bienheureux trésor, dont le prix passe de telles cimes
Que l’ayant on triomphe, mais que privé de lui, on l’espère.