Louis Goujon Sonnets. Inspirations de voyage
L’étang de Heussey
A madame Hyacinthe de Pontavice de Heussey
Encaissé dans les bois, au fond d’une prairie,
L’étang que nous aimons sourit frais et charmant;
Le hêtre teint de vert son cristal plus dormant
Que le front calme et pur d’une vierge qui prie.
Le sentier qui l’enlace est plein de rêverie;
Le vent, qui fait chanter les arbres de ses bords,
Couche sur son miroir les rameaux déjà morts,
Et le ride au hasard d’une feuille flétrie.
Sa rive monte à peine au-dessus de ses eaux,
Aussi, pour se baigner, je crois que les oiseaux
N’ont qu’à courber plus bas les branches frissonnantes.
Oh! que mon jeune coeur lui ressemble toujours!
Cette onde si limpide est l’image des jours
Où le vent sèmera les feuilles jaunissantes.
Q36 – T15