– Raoul Ponchon La muse vagabonde
Sonnet du gigot
Un coquin de parfum gagne de proche en proche,
Un parfum à la fois subtil et nourrissant
Et tel que si j’en crois mon odorat puissant,
C’est un gigot à l’ail qui ronronne à la broche.
Comme il est cuit à point, vite qu’on le décroche;
Je n’ai jamais rien vu de plus attendrissant;
Pour ne pas être ému devant ses pleurs de sang
Il faudrait, sur mon âme, avoir un coeur de roche.
Dites-donc à du veau qu’il vous en pleure autant,
Madame, tra la la! Mais sans perdre un instant
Si nous en effeuillions quelques légers pétales;
Car ta chair n’est que rose et que coquelicots,
O suave bouquet de viande qui t’étales
Sur ton lit préféré d’onctueux haricots!
Q15 – T14 – banv