– Mac-Nab – Poèmes incongrus –
Les pâles macchabées
Depuis Choisy-le-Roi jusqu’au port de Suresnes
On les voit lentement flotter au fil de l’eau,
Ils ont le teint blafard comme un tronc de bouleau,
Leur ventre a le ton bleu des mortelles gangrènes
Ah! qu’ils sont laids à voir pendant les nuits sereines
Alors qu’un hydrogène impur gonfle leur peau
Comme un chasselas bien mûr de Fontainebleau …
Et l’on entend au loin le doux chant des Sirènes!
Ils s’en vont par morceaux et nous les achevons:
Des citoyens faisant de longues enjambées
Vont les cueillir avec des perches recourbées.
O vieux fleuve blanchi par l’âge et les savons,
Rejette de ton sein les pâles machabées,
Car cette eau-là, vois-tu, c’est nous qui la buvons!
Q15 – T28