– Paul Verola Les baisers morts
Evocation
Existe-t-elle encor, cette île
Où le baiser, toujours vainqueur,
S‘épanouit dans chaque cœur,
Où la moindre brise distille
Des arômes ensorceleurs
Sur les lèvres toujours en fleurs ?
Où, dans la luit pleine d’aveux,
La lune orgueilleuse démêle
L’or et l’argent de ses cheveux
Sur le flot gris qu’elle constelle ?
L’île où la fleur même a des lèvres,
La pierre, des pulsations,
Où l’Océan, pendant ses fièvres,
Rugit toutes nos passions ?
Où vers l’amour montent tous vœux ;
Où la rose, au papillon frêle
Tendant son front vierge et séveux
Lui murmure : arrête ton aile !
Cette île où l’âme la plus mièvre
A d’immenses éruptions,
Où la chair jamais ne se sèvre,
Où tout n’est que vibrations ?
Elle exista : nous y vécumes
Inondés d’azur et d’écume,
Enlacés à briser nos corps !
Oh ! retournons-y, car peut-être
Ce qu’on croit mort peut y renaître,
Et tu pourrais m’aimer encor.
double sonnet fait d’un sonnet renversé et d’un Q 59- T15, les quatrains sur les mêmes rimes. octo