– A. Eude-Dugaillon – Fiel et miel –
Sonnet
La rose au papillon reproche l’inconstance;
Reine parmi les fleurs, elle voudrait fixer
Cet enfant du soleil, si beau dès sa naissance,
Qui ne vit qu’un printemps et meurt sous un baiser;
Mais l’insecte choisit, pour son dernier caprice,
Une rose sans tache, au brillant incarnat,
Et, prenant pour linceul ce fragile calice,
Expire en s’enivrant de parfums délicats:
De même le poète, en passant sur la terre,
De qui sait le comprendre invoque tour à tour
Un sourire, un regard, des chants et de l’amour;
Puis, avant de mourir, à l’ombre du mystère,
Il fait choix d’une amie, illustre sa beauté,
Et jette un nom de femme à l’immortalité.
Q59 – T30 – quatrains à quatre rimes : abab a’b’a’b’