– Jules Supervielle Brumes du passé
Désespoir
Au crépuscule doux, une feuille d’automne,
Devant l’hiver qui vient se lamente et frissonne,
Mais avant de mourir, dans l’horizon vermeil,
Elle regarde au loin la trace du soleil.
Elle pense aux beaux jours, elle songe au réveil
Des feuilles au Printemps quand le soleil rayonne,
Elle est triste d’entrer dans l’éternel sommeil
Et de sentir pleurer l’arbre qu’elle abandonne.
Mais avant de tomber tristement sur la terre,
Elle baise longtemps la branche, puis elle erre
Heureuse dans la mort d’emporter un baiser.
Et moi je suis semblable à la feuille d’Automne,
Mais avant de mourir je tremble et je frissonne,
Car je ne trouve pas de lèvres à baiser …
Q5 – T15