– Le docteur Henri Fischer – Sonnailles et chansonnailles – Chants et sonnets …
Nuits de Pantruche: synthèse
Bruits,
Ris,
Cris,
Bris;
Fleurs,
Pleurs,
Heurts,
Peurs!
Ville
Vile,
Gouffre
Où
Tout
Souffre!
aaaa bbbb – T15 – mono
– Le docteur Henri Fischer – Sonnailles et chansonnailles – Chants et sonnets …
Nuits de Pantruche: synthèse
Bruits,
Ris,
Cris,
Bris;
Fleurs,
Pleurs,
Heurts,
Peurs!
Ville
Vile,
Gouffre
Où
Tout
Souffre!
aaaa bbbb – T15 – mono
– Léon Bocquet Flandre
Les cloches, II
La Ville expire au glas des cloches monotones
La ville triste meurt sans personne, personne! …
Dans le brouillard épais et morne de l’automne,
Des siècles de douleur aux vieilles cloches sonnent
.
Sanglots d’âme, sanglots éperdus et cris sourds,
Détresse de chair nue étreinte par l’amour,
Longs spasmes, longs soupirs, râle d’un néant lourd,
Les cloches, aux baisers du vent, souffrent toujours.
Qu’ils sont tristes, la nuit, lorsque le ciel pluvine
D’une petite pluie incessante et très fine
Où claque un vent mouillé comme un drap de cercueil!
Une pauvre lueur tremblote au réverbère,
Et, profilant son ombre jaune sur ce deuil,
Veille l’obscurité des quartiers de misère.
aaaa bbbb – T14
– Charles-Adolphe Cantacuzène Sonnets en petit deuil –
Femme
Femme,
Trame,
Lame,
Drame!
Vieux
Lieux,
Cieux,
Dieux!
Roses
Choses,
Toi!
Moi!
Tombe!
Tombe ….
aaaa bbbb – T13 – mono
– Charles-Adolphe Cantacuzène Sonnets en petit deuil –
Jolis cœurs
Jolis cœurs, vous faites les bons apôtres,
Et toi, chair, dans le stupre tu te vautres!
Et ceux qui disent tant de patenôtres
Ont tant de mauvais regards pour les autres!
On médite souvent un crime affreux
Tandis qu’on vous regarde, doucereux!
Et dans les moments des plus doux aveux
Le venin coule des yeux langoureux!
Tout meurt: la lèvre rose de Rosette
Comme la phrase exquise du poète!
Tout meurt dans le jour blanc et le noir soir!
Plutôt la Mort que cette hypocrisie!
Mais la Mort – (et mon âme aussi en est saisie!) –
Elle est fausse, elle aussi! … Mort donc l’Espoir!
aaaa bbbb – T15 – déca irr.
– Amédée Rouquès in Le Banquet
Chansons pour rire, II
Les cloches bourdonnaient à coups sourds, lourdement,
Et l’orgue, répondant du fond du monument,
Râlait grave en mon cœur livide, absolument
Sombré dans le deuil noir de cet enterrement
Les enfants pleuraient, les hommes pleuraient, les femmes
Pleuraient, et moi, les pleurs avaient noyé mon âme ;
Et mes yeux d’eau distinguaient à peine la flamme
Des cierges, et le prêtre, qui chantait ses gammes.
Et je me sentais plein d’un ineffable amour
Pour ces hommes que je ne connaissais point, pour
Ces femmes à genoux, aux si charmantes poses,
Ces cierges, ces voix d’enfants au timbre argentin,
Tous ces êtres perdus dans un brouillard lointain …..
Quand je suis gris, c’est tout à fait la même chose.
aaaa bbbb T15
Jules Laforgue – Le sanglot de la terre
La première nuit
Voici venir le Soir, doux au vieillard lubrique.
Mon chat Mürr accroupi comme un sphinx héraldique
Contemple, inquiet, de sa prunelle fantastique
Marcher à l’horizon la lune chlorotique.
C’est l’heure où l’enfant prie, où Paris-lupanar
Jette sur le pavé de chaque boulevard
Ses filles aux sein froid qui, sous le gaz blafard
Voguent, flairant de l’oeil un mâle de hasard.
Mais, près de mon chat Mürr, je rêve à ma fenêtre.
Je songe aux enfants qui partout viennent de naître.
Je songe à tous les morts enterrés aujourd’hui.
Et je me figure être au fond du cimetière,
Et me mets à la place, en entrant dans la bière,
De ceux qui vont passer là leur première nuit.
aaaa bbbb – T15
– Cabriol in L’Hydropathe
Maurice Petit*
Devant l’ex-Napoléon-un
Il fait, le dimanche matin,
Ronfler, sous une dextre main,
Pour charmer maint, et maint et maint
Nez d’argent, que jadis la treille
Avait bourgeonné, mainte oreille,
Aux oreilles de sourd pareille,
L’orgue ! et pour cela j’appareille
Au plus haut mat de perroquet,
Le pavillon roux, bleu, blanc qu’est
Le pavillon du vrai courage.
A Maurice Petit je bois
Pour vouloir bien rajeunir d’âge
L’Invalide à la têt’ de bois.
* organiste aux Invalides
aaaa bbbb T14 octo on remarque la rime ‘un/ matin’
Paul Verlaine – Poèmes saturniens
Nevermore
Souvenir, souvenir, que me veux-tu? L’automne
Faisait voler la grive à travers l’air atone,
Et le soleil dardait un rayon monotone
Sur le bois jaunissant où la bise détonne.
Nous étions seul à seule et marchions en rêvant,
Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent,
Soudain, tournant vers moi son regard émouvant:
« Quel fut ton plus beau jour? » fit sa voix d’or vivant,
Sa voix douce et sonore, au frais timbre angélique.
Un sourire discret lui donna la réplique,
Et je baisai sa main blanche, dévotement.
– Ah! les premières fleurs, qu’elles sont parfumées!
Et qu’il bruit avec un murmure charmant
Le premier oui qui sort de lèvres bien-aimées!
aaaa bbbb – T14