– Alfred de Musset in Oeuvres poétiques (ed. Pléiade)
Aux critiques du Chatterton d’Alfred de Vigny
O critique du jour, chère mouche bovine,
Que te voilà pédante au troisième degré!
Quel plaisir ce doit être, à ce que j’imagine,
D’aiguiser sur un livre un museau de fouine
Et de ronger dans l’ombre un squelette ignoré!
J’aime à te voir surtout, en style de cuisine,
Te comparer sans honte au poète inspiré
Et gonfler ta grenouille aux pieds du boeuf sacré!
De quel robuste orgueil l’autre jour je t’ai vue
Te faire un beau pavois au fond d’une revue!
Oh! que je t’aime ainsi, dépeçant tout d’abord
Quiconque autour de toi donne un signe de vie,
Et puis, d’un laurier-rose, amer comme l’envie,
Couronnant un chacal sur le ventre d’un mort!
oc.sym: abaa babb T15
Le sonnet de Musset est particulièrement remarquable par ses quatrains, de disposition abaa babb, où la rime ‘b‘ doit attendre la seconde strophe pour recevoir son écho. Les quatrains de ce sonnet n’ont pas d’existence indépendante (en ce qui concerne les rimes). Pourtant, la règle de la ‘quadruple rime’ est satisfaite, certes d’une manière peu orthodoxe. Dans une telle situation, il vaut mieux parler d’octave que de quatrains.