Justin Bouisson Poésies diverses
Sonnet. A Madame *** – II
Oh! Je n’espère point que vous m’aimiez, madame …
Oh non! Que cet espoir ait traversé mon ame …
Peut-être … comme un rêve, un éclair … non, mes voeux
Sont timides, sont purs, madame, je ne veux
En vous aimant toujours, et pour prix de ma flamme,
Qu’un accueil, un regard, un sourire de femme;
Oui, vous voir doucement me sourire des yeux,
Ou, quelquefois, causer tout bas et … tous les deux.
Voilà mes voeux; voilà le bonheur que j’espère,
Le seul. Pourquoi me fuir, madame? Ma prière
N’a rien qui vous offense ou vous doive alarmer;
De moi, de votre force osez mieux présumer.
Aux bras de votre époux, épouse heureuse et fière,
Vous ne m’aimerez point … mais laissez-vous aimer.
Q1 – T10
Les deux sonnets de Bouisson, ancien ‘officier de la vieille armée’, (comme il se nomme dans le titre même de son oeuvre) présentent des quatrains entièrement plats (aabb aabb), disposition plus tard employée fréquemment et qui aurait fait frémir d’horreur Ronsard, et Malherbe plus encore. Le siècle en verra de nombreux, n’en déplaise à Mr Graham Robb.