Archives de catégorie : r.exc.

un corps à ce qui de lui dans le bruit et blanc — 1982 (2)

Henri Deluy –  in Action Poétique 87

Mots d’une seule syllabe

un corps à ce qui de lui dans le bruit et blanc
par le ou la les voit il dans le bruit si peu
très peu le bruit de la main et dans le bruit sur blanc
quand le jour plus loin de lui dans le buis est un

quand le bruit est un qui pend quand la voix le jour
point blanc qui le voit il voit quand la voix le froid
le froid si peu il en faut quand la voix du jour
il en faut si peu un corps dans la voix si peu

l’air de la peur rien dans le bruit un corps et blanc
qui pend il en faut le lieu la peur le dos rien
de main en main son dos un corps qui ne va pas loin

le lieu le point blanc et blanc l’air le froid son dos
quand le bruit est un qui pend qui ne voit pas loin
corps main loin voix la voix de main en main ne pas

r.exc.

Alors cette fois merci, quand nous entendrons — 1978 (3)

Paul-Louis Rossi Inimaginaire IV

Sonnet idéologique en quatre langues sur la guerre des paysans

Alors cette fois merci, quand nous entendrons
Le coq chanter et sonner ensemble les cloches
We will be happy: Frères quel travail! Freu dich
Du Schöne … les buches enfin toutes fendrons

Quand à la rude église le gros Luther
Dira son sermon les Seigneurs comme des buches
Nous les fendrons tous, c’est ma foi la riche souche
Qu’il doit cogner pour vivre l’Homme, et lutter

To judge both the quick and the dead … pour juger
Ensemble morts et vivants, dit Thomas Münzer
Oui; conduis-nous comme des rosses aux sommets

Cibus orms et virgum asimo .. Si la mort
En écume nous vient à la bouche plus ne
Prierons ni vivrons jamais comme des porcs

r.exc. – m.irr

à la beauté déserte! ses rôles et ses parcs! — 1978 (2)

Lionel Ray Inimaginaire IV


Dévotion

à la beauté déserte! ses rôles et ses parcs!
A une oreille sonore! à tant d’autres marches
Dans le bleu rare et proche, les tempêtes, la traque!
Aux très hautes partitions! brouillage et départ.

aux pierres des murs endormis! aux lampes-fenêtres!
aux touffes de la parole impatiente! au retour
des rires et des fièvres! aux oiseaux qui cherchent
leur ciel! aux paumes de la pluie! aux roses peintes!

à Notre-Dame de l’Impossible! dame des roches!
à une imploration! à la gaîté fréquente!
aux lèvres du soupçon! aux grilles entrouvertes!

aux nuits sans autrefois des morts, si peu secrètes,
sans paroles brisées, sans dérive et sans cris!
au temps désassemblé! à sa très sûre approche!

r.exc – m.irr

Ces cretonnes ces chutes de tissus croisés par — 1978 (1)

Pierre Lartigue Inimaginaire IV


Ascension en Patchwork pour Cyrano de Bergerac

Ces cretonnes ces chutes de tissus croisés par
pleins camions comme des romans au hasard côte
à côte porte les près de ton oreille Ecoute
Ces pluies de taffetas cassé cette charpie

de tout imaginaire On dénoue quelque part
une fumée de laine sur les dunes des cata-
ractes blanches  aux panaches d’eau chaude prends tous les coptes
prends le Tour du monde d’un gamin de Paris

et dans ces chasses fabuleuses taille découpe cache
ton coeur puis ces pauvres pages cousues à petits
points rêve que le grand vent te happe et t’arrache

papier qui tremble cerf volant frisson de quiche –
nottes  Adieu mines d’or d’Eluard! Adieu pépites!
Adieu glaçons dans les poches de René Char!

r.exc. – m.irr

Le bruit du pas-de-bruit d’un pas — 1966 (2)

Olivier LarrondeL’arbre à lettres


Le pas – pas

Le bruit du pas-de-bruit d’un pas
Qu’a-t-il à ne nous dire pas
Qu’en toi le peu de bruit des pas
Fait la rigole d’un trépas

Réfléchissons là que poissons
Pas dans l’eau d’un bonheur sans rex
Quand le talon des ultrasons
Veut bien circonscrire un inflex

Le deux fois pas de bruit des pas
Met de trop ton chat qui pénètre
Par la fenêtre du non-être

Jusqu’à ne peut-être pas naître
Dans le pas-toi de mon patois
Où l’image n’a mis qu’un toit.

aaaa bcbc add dee – octo

Entre deux grands pays c’est un maigre sentier — 1958 (4)

Pierre-Jean JouveInventions

Sente

Entre deux grands pays c’est un maigre sentier
Unique et solitaire aveugle: entre les neiges
D’une haute abstraction des eaux et du ciel
Et le gouffre argenté du souvenir d’Hélène.

Le minuscule amour est un sentier d’herbage
Où la terre hésitante entre les durs cailloux
Et quelque monument de roc et de ravage,
Se courbe se reprend et s’effondre à genoux,

La végétation l’étouffant d’un automne:
Campanules et thym saxifrages de sang
Les ruines blanches et les potentilles jaunes

Tumulte infime et tout embrassé par le vent!
Et l’immense solaire avec la petite ombre
O bleu de sphère sur la tristesse du temps.

r. exc..

Souvent, tel un printemps répandu sur la mer — 1958 (3)

Pierre-Jean JouveInventions


Musique

Souvent, tel un printemps répandu sur la mer
J’ai suivi les remous des cordes bois et cuivres:
Sauvage allait la cavalière de la mort
Sonnant l’orage pour le malheur de la terre;

Ou douce de ses oiseaux déchirants, un soleil
Dans les pleurs, et le chant raisonnable des anges
Ayant séduit la bête avec un œil soyeux
Pour l’idylle du temps l’éternelle louange;

Discours infiniment tu par l’intime étrange
O gloriole des sons esprit de vision
Mystère entier comme est cette humaine vision.

r.exc – 11v  

Un soir Il viendra vous surprendra — 1933 (4)

Roger Gilbert-Lecomte La Vie l’Amour le Vide et la Nuit

Un soir

Un soir Il viendra vous surprendra
Mais apprenant soudain que Il
C’est trois boules multicolores
La peur vous allume la tête

Sous le diadème de boules
Et ma colonne de mercure
Un homme se trouve si seul
Qu’il en demande ciel au ciel

Ne sachant pas encore ou plus
Que par des chemins inconnus
A cette heure monte vers lui

Annoncé par l’oiseau-tempête
Le cheval volcan de tout feu
Né du frottement des trois boules

r.exc – octo

Violante m’ordonne de faire un sonnet, — 1930 (4)

Lope de Vega  (trad. G.Boussagol)

Violante m’ordonne de faire un sonnet,
De ma vie je ne me suis vu en un tel embarras ;
On dit que quatorze vers c’est un sonnet ;
Tout en plaisantant, en voilà trois ci-dessus

Je pensais que je ne trouverais pas de rime,
Et je suis à la moitié de l’autre quatrain :
Mais si j’arrive au premier tercet,
Il n’y a rien dans les quatrains qui m’épouvante.

Je suis en train d’entrer dans le premier tercet,
Et il semble même que j’y entre d’un bon pied,
Puisqu’avec ce vers j’y mets fin.

Déjà je suis dans le second, et je soupçonne même
Que je suis en train d’achever treize vers ;
Comptez s’ils sont quatorze, et le voilà fait.

r.exc. –   m.irr- tr –  s sur s « Un soneto me manda hazer Violante »

Le cœur sur l’arbre vous n’aviez qu’à le cueillir, — 1926 (2)

Paul Eluard Capitale de la douleur

Poèmes

Le cœur sur l’arbre vous n’aviez qu’à le cueillir,
Sourire et rire, rire et douceur d’outre-sens.
Vaincu, vainqueur et lumineux, pur comme un ange,
Haut vers le ciel, avec les arbres.

Au loin, geint une belle qui voudrait lutter
Et qui ne peut, couchée au pied de la colline.
Et que le ciel soit misérable ou transparent
On ne peut la voir sans l’aimer.

Les jours comme des doigts repliant leurs phalanges.
Les fleurs sont desséchées, les graines sont perdues,
La canicule attend les grandes gelées blanches.

A l’œil du pauvre mort. Peindre des porcelaines.
Une musique, bras blancs tout nus.
Les vents et les oiseaux s’unissent – le ciel change.

r.exc.  – 2m