Archives de catégorie : Mètre

Au Waterloo Hotel, j’ai achevé mon tiffin, —1900 (6)

Henri Jean-Marie LevetSonnets torrides

Les Voyages, III Homewards
A M.P. Bons d’Anty.

Au Waterloo Hotel, j’ai achevé mon tiffin,
Et, mon bill payé, je me dirige vers le wharf.
Voici l’Indus ( des Messageries Maritimes)
Et la tristesse imbécile du « homewards’.

– Quelques officiers français qui reviennent d’Indo-Chine
Passer en Europe un congé de six mois,
Commentent l’embarquement de jeunes misses, divines,
Avec lesquelles je ne flirterai certes pas!

Sur le pont mes futurs compagnons de voyage
Me dévisagent …
Puis on passe une sommaire visite de santé –

(Cette année la peste a fait ici bien des ravages!)
– Enfin voici la cloche du départ, qui sonne
Que je ramène, pieusement ouatée,
La fleur de ma mélancolie anglo-saxonne.

Q32 – ccd ced e – m.irr – 15v

Tu marches on dirait — 1900 (5)

Nathalie Clifford-BarneyQuelques portraits-sonnets de femmes

Portrait inachevé

Tu marches on dirait
Une affiche qui danse:
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Tes coupes sont nos lèvres,
Et nos bras tes prisons.

6s – s.lacunaire

Au seul souci de voyager — 1899 (48)

Mallarmé Poésies

additions de l’éd. Deman

Au seul souci de voyager
Outre une Inde splendide et trouble
— Ce salut soit le messager
Du temps, cap que ta poupe double

Comme sur quelque vergue bas
Plongeante avec la caravelle
Ecumait toujours en ébats
Un oiseau d’annonce nouvelle

Qui criait monotonement
Sans que la barre ne varie
Un inutile gisement
Nuit, désespoir et pierrerie

Par son chant reflété jusqu’au
Sourire du pâle Vasco.

shmall – octo

Toute Aurore même gourde — 1899 (47)

Mallarmé Poésies

additions de l’éd. Deman

Hommage

Toute Aurore même gourde
A crisper un point obscur
Contre des clairons d’azur
Embouchés par cette sourde

A le pâtre avec la gourde
Jointe au bâton frappant dur
Le long de son pas futur
Tant que la source ample sourde

Par avance ainsi tu vis
O solitaire Puvis
De Chavannes jamais seul

De conduire le temps boire
A la nymphe sans linceul
Que lui découvre ta Gloire

Q15 – T14 – banv –  octo

A la nue accablante tu — 1899 (45)

Mallarmé Poésies

A la nue accablante tu
Basse de basalte et de laves
A même les échos esclaves
Par une trompe sans vertu

Quel sépulcral naufrage (tu
Le sais, écume, mais y baves)
Suprême une entre les épaves
Abolit le mat dévêtu

Ou cela que furibond faute
De quelque perdition haute
Tout l’abîme vain éployé

Dans le si blanc cheveu qui traîne
Avarement aura noyé
Le flanc enfant d’une sirène

Q15 – T14 – banv – octo

M’introduire dans ton histoire — 1899 (44)

Mallarmé Poésies

M’introduire dans ton histoire
C’est en héros effarouché
S’il a du talon nu touché
Quelque gazon de territoire

A des glaciers attentatoire
Je ne sais le naïf péché
Que tu n’auras pas empêché
De rire très haut sa victoire

Dis si je ne suis pas joyeux
Tonnerre et rubis aux moyeux
De voir en l’air que ce feu troue

Avec des royaumes épars
Comme mourir pourpre la roue
Du seul vespéral de mes chars

Q15 – T14 – banv – octo

Quelle soie aux baumes de temps — 1899 (43)

Mallarmé Poésies

Quelle soie aux baumes de temps
Où la Chimère s’exténue
Vaut la torse et native nue
Que hors de ton miroir, tu tends!

Les trous de drapeaux méditants
S’exaltent dans notre avenue:
Moi, j’ai ta chevelure nue
Pour enfouir mes yeux contents.

Non! La bouche ne sera sûre
De rien goûter à sa morsure,
S’il ne fait, ton princier amant,

Dans la considérable touffe
Expirer, comme un diamant,
Le cri des Gloires qu’il étouffe.

Q15 – T14 – banv – octo

Une dentelle s’abolit — 1899 (42)

Mallarmé Poésies

III

Une dentelle s’abolit
Dans le doute du jeu suprême
A n’entr’ouvrir comme un blasphème
Qu’absence éternelle de lit.

Cet unanime et blanc conflit
D’un dentelle avec la même
Enfui contre la vitre blême
Flotte plus qu’il n’ensevelit.

Mais cher qui du rêve se dore
Tristement dort une mandore
Au creux néant musicien

Telle que vers quelque fenêtre
Selon nul ventre que le sien,
Filial on aurait pu naître.

Q15 – T14 – banv – octo

Surgi de la croupe et du bond — 1899 (41)

Mallarmé Poésies

II

Surgi de la croupe et du bond
D’une verrerie éphémère
Sans fleurir la veillée amère
Le col ignoré s’interrompt.

Je crois bien que deux bouches n’ont
Bu, ni son amant ni ma mère,
Jamais à la même Chimère,
Moi, sylphe de ce froid plafond!

Le pur vase d’aucun breuvage
Que l’inexhaustible veuvage
Agonise mais ne consent,

Naïf baiser des plus funèbres!
A rien n’expirer annonçant
Une rose dans les ténèbres.

Q15 – T14 – banv – octo

Tout orgueil fume-t-il du soir — 1899 (40)

Mallarmé Poésies

I

Tout orgueil fume-t-il du soir
Torche dans un branle étouffée
Sans que l’immortelle bouffée
Ne puisse à l’abandon surseoir!

La chambre ancienne de l’hoir
De maint riche mais chu trophée
Ne serait pas même chauffée
S’il survenait par le couloir.

Affres du passé nécessaires
Agrippant comme avec des serres
Le sépulcre du désaveu,

Sous un marbre lourd qu’elle isole
Ne s’allume pas d’autre feu
Que la fulgurante console.

Q15 – T14 – banv – octo