– Docteur René Chauvelot Les nouveaux sonnets du docteur–
Les douze premiers chiffres
Un,
Deux,
Quatre,
Cinq,
Six,
Sept,
Huit,
Dix,
Onze,
Neuf,
Et,
Trois
Font
Douze.
bl – mono
– Docteur René Chauvelot Les nouveaux sonnets du docteur–
Les douze premiers chiffres
Un,
Deux,
Quatre,
Cinq,
Six,
Sept,
Huit,
Dix,
Onze,
Neuf,
Et,
Trois
Font
Douze.
bl – mono
– Antoine Pol Croquis : 17 variations sur le sonnet d’Arvers
La cigale et la fourmi
La cigale, un beau jour, s’en vint en grand mystère,
Chez la fourmi, ayant conçu
De quémander, mieux eût valu se taire
Un grain de mil, tout un chacun l’a su.
« Mon dénuement d’insecte solitaire
N’a pu de vous passer inaperçu
Prêtez-moi ces trésors que vous cachez sous terre,
Et je vous signe un bon reçu »
La fourmi, pas toujours tendre
Lui laisse entendre
D’aller ailleurs porter ses pas
« A mes moindres défauts je veux rester fidèle »,
Lui dit-elle
« J’ai du bon tabac, tu n’en auras pas ».
Q08 – T15 arv – 2m :Texte polymétrique : alexandrins au vers 1 et 7 – décasyllabes : v 3 à6 – taratantara au vers 14 – octo : 2,8,11 – hepta :v 9 – tétrasyllabe : vers 10 – trisyllabe : vers 13.
– Adolphe Haberer a e i / y o u (ed.1993, chez l’auteur)
U
Tu pus l’ut d’un luth, sûr Ubu!
L’us fut vu d’un turlututu,
D’un rut dru, d’un but, d’un tutu –
Chut! D’un cul nu – d’un fût brut bu
Sur un tumulus. D’un Sud sûr,
Plus d’un suc plut d’un cumulus,
Surplus chu bu pur d’un humus
Qu’un turf d’urus crût du jus mûr.
Vu plus d’un club: stucs, trucs, lunch, pub.
Tu bus, duc, un jus cru d’un tub.
Mû d’un pus dur, tu fus sûr d’un
Lupus. Tu sus; nul futur vu,
Nul. Sur un mur un urubu
Sûr d’un cumul – un Turc, un Hun.
aaaa a’bba’ T15 – y=x :e=a – octo monovocalisme
– Adolphe Haberer a e i / y o u (ed.1993, chez l’auteur)
O
Vos corps poltrons d’homos ronchons
Photos pornos d’ostrogoths mols,
Prolos pops, gros provos cochons,
Gotons, cocos, mormons, mongols,
Honorons donc vos dons d’Oxford,
Fox-trot, loto, bocks, grogs, porto.
Mon Lord, nos crocs sont forts, on mord
Vos hot-dogs con oloroso.
Long corso? Cosmos fol? Zoo toc?
(Porcs, crocos, condors, dodos coqs-
troncs, kohol corrompt vos bords blonds)
Trop tôt sont morts Cronos, Job, Thor –
Mots, noms d’os, profond port oblong –
Oh! hors d’Oxford dort logos d’or.
Q59 – T14 – d=a ? – octo – monovocalisme
– Adolphe Haberer a e i / y o u (ed.1993, chez l’auteur)
i / y
« Qi vit ici? » Cris d’ibis vifs.
« Qi vit? » Lys, iris gris, vit-il?
Cris (bis) vils; six pics incisifs.
» S’il y vit, fils d’Isis viril?
Si vit Lilith? » Il vit nid d’if,
N’y prit d’instinct l’incivil lit,
Ni inscrivit l’infini pli.
(Ci-gît l’incipit instinctif)
Styx-sis, ni lin, ni riz, ni vin;
Lys, iris, inscrits, six, dix, vingt,
Prix d’incisifs pics. (VIDI, VI-
CI) – » Qi rit ici? » Ni d’isis
Fils viril, ni Lilith, l’ibis
Rit l’infini. « Ici, qui vit? »
Q33 – T15 – y=x: d=b’ – octo
Monovocalisme en ‘i’.
Note liminaire de l’auteur (1993): « Cette suite de sonnets fut composée en 1970. Le premier, le sonnet en « e », fut écrit comme un défi lancé à Georges Perec qui venait de publier La disparition. Le défi fut si bien relevé que Perec publia en 1972 Les revenentes, dans lequel figure, à la page 86, » ces vers vrément cherments » que je lui avais dédiés. Les autres furent écrits à Oxford.
J’ai adopté l’une des règles de Perec, qui fait que « Qu » s’écrit « Q ». «
– Marcel Thiry Attouchements des sonnets de Shakespeare
CXIII – ‘Since I left you mine eye is in my mind’ –
Since I left you mes yeux sont de mémoire.
Vous me voilez la montagne ou la mer.
Laissez mes yeux attoucher cette moire
De nos instant dont j’abolis la mort.
A vous les yeux de ma secrète vue
Qui semblent voir le monde et n’ont que vous
Pour ciel, montange, et la mer, et la vie,
Et n’ont plus vu que vous since I left you.
Laissez que ma mémoire vous compose
Comme au matin l’arbre sort de la nuit;
Pendant qu’avec des vers aux doigts de rose,
Frère des yeux pour défaire la nuit,
Un lent Sonnet que le Temps vous dévoue
Change l’absence en essence de vous.
abab cdcd efef gg=shmall – disposition de rimes des sonnets de Shakespeare déca – tr
– Lanza del Vasto – Le Viatique, II
Printemps sur le marais
Dans les roseaux le printemps se balance.
Par-dessus les buissons, sur l’étang plat
La nue est plate avec de blancs éclats,
Le vent se lève et retombe en silence.
Le pas est mou, dans les joncs emmêlés,
Le sol mouillé, jetant sous les chaussures,
Un cri d’oiseau, glisse à la pourriture,
Un brouillard vêt les saules mutilés.
L’étang est plat, l’air veuf de voix humaines
Même de cloche, et sans une félure,
Et le regard à nul arbre ne mène
Nous marchons vite et cherchons les vrais champs
Car le printemps est mort ici: nature
Chante en ces lieux toute seule son chant.
Q63 – T24 – déca
– Georges Perec – La disparition –
– d’un compagnon d’Oulipo
La disparition
Un corps noir tranchant un flamant au vol bas
un bruit fuit au sol (qu’avant son parcours lourd
dorait un son crissant au grain d’air) il court
portant son sang plus loin son charbon qui bat
Si nul n’allait briller sur lui pas à pas
dur cil aujour’d’hui plomb au fil du bras gourd
Si tombait nu grillon dans l’hors vu au sourd
mouvant bâillon du gris hasard sans compas
l’alpha signal inconstant du vrai diffus
qui saurait (saisissant (un doux soir confus
ainsi on croit voir un pont à son galop)
un non qu’à ton stylo tu donnas brûlant)
qu’ici on dit (par un trait manquant plus clos)
l’art toujours su du chant-combat (noir pour blanc)
Q15 – T14 – 11 s – Lipogramme en ‘e’
– Raymond Queneau – Fendre les flots
Aller chercher au fond des mers …
Aller chercher au fond des mers les trésors piratés
aller chercher au fond des mers les perles noires immenses
aller chercher au fond des mers les algues enrichissantes
aller chercher au fond des mers les coquillages contournés
aller chercher au fond des mers les rares substances
aller chercher au fond des mers les poussières balayées
aller chercher au fond des mers les feuilles volantes
aller chercher au fond des mers l’eau des fleuves asséchés
aller chercher au fond des mers les raretés lyriques
aller chercher au fond des mers les mots hyperboliques
aller chercher au fond des mers les débris des saisons
aller chercher au fond des mers les monstres épiques
aller chercher au fond des mers les secrets clastiques
c’est ce qu’on peut fait en vain ou bien avec raison
abb’a bab’a – T6 – m.irr
– Roland Dubillard Je dirai que je suis tombé
Sonnet attribué
Merci pour la Vérole et gardez le Pourboire.
Je m’en vais vers là où on va.
J’ai des soucis, comme la Loire,
J’ai des sourcils froncés très bas.
Je vais, triste et certain des fruits de ma Victoire.
Je suis Vainqueur. Je ne sais pas de Quoi.
Vous êtes de passage au plafond de ma Gloire.
Les Manèges de la Graisse ont fait de nous Trois.
Trois par un puis par quatre et l’air
Pousse dans son trombone une expression divine.
Ce qui est noir ici par là-bas d’illumine.
On dirait la clarté; on dirait cet œil clair,
Et ce Spectacle aussi que mon regard termine:
L’Ovale Vérolé du Visage d’Hermine.
Q32 – T29 – 2m : octo: v.2, v.3, v.4, v.9 ; déca:v.6